À Calais, une grève de la faim en soutien aux migrants

Le lundi 11 octobre dernier, le P. Philippe Demeestère sj, aumônier du Secours catholique dans le Pas-de-Calais et deux bénévoles, ont commencé une grève de la faim pour que l’État prenne mieux en compte la situation des exilés.

Leurs demandes :

Les trois grévistes de la faim sont installés en l’église Saint-Pierre, située sur la place Crèvecœur, à Calais. Ils y sont suivis par une équipe médicale. Avec d’autres associations, ils adressent trois demandes :

  • l’arrêt des expulsions systématiques des migrants pendant la trêve hivernale ;
  • l’arrêt de la confiscation de leurs tentes et de leurs affaires personnelles ;
  • l’ouverture d’un dialogue entre autorités et associations non mandatées par l’État pour définir conjointement des modalités de l’aide humanitaire.

Interview du P. Demeestère sur Vatican News

Le 15 octobre dernier, le P. Philippe Demeestère sj répondait aux questions des journalistes de Vatican News. Il leur a fait part de sa désolation de faire face à une « mécanique devenue inhumaine » d’un État qui doit répondre à des considérations dictées par un agenda politique. Selon lui en effet, le climat de campagne électoral en France explique en partie cette réponse uniquement sécuritaire à un drame humanitaire.

« On s’est habitué à beaucoup de choses à Calais, à une maltraitance ordinaire des exilés, et il est important de dire de la part de citoyens que ça suffit ! Les consciences sont comme anesthésiées par l’habitude, endormies par des prudences qui sont largement partagées, jusque dans nos églises, pour ne pas créer du désordre, et il est important de manifester à travers ce moyen d’expression. On ne veut pas que cela perdure. »  Le P. Philippe Demeestère sj rappelle leurs demandes : « elles portent uniquement sur la période hivernale. Il s’agit simplement de faire droit à la plus simple humanité et de permettre ici aux exilés de ne pas être expulsés durant l’hiver, de ne pas se voir confisquer leurs tentes ou leurs effets personnels. Le gouvernement fait le minimum et le fait mal parce qu’il n’y a pas de véritable volonté d’accueil derrière. Il s’agit ici de dégoûter les gens, en leur pourrissant la vie, de demeurer en France. »

Vous dénoncez un dialogue de sourds avec les pouvoirs publics ?

« Si les Français ont accepté de mettre la frontière de la Grande-Bretagne en France, ce n’est pas simplement moyennant l’apport financier britannique pour bâtir des murs et des grillages sur la ville de Calais, mais c’est aussi que les exilés sont devenus prétexte à marchandage. Rien n’est mis sur la table et c’est cela qui fausse toutes les rencontres avec les autorités. En face de nous nous n’avons pas des gens qui sont libres. Les mots aussi sont détournés de leur sens. Le gouvernement prétend qu’il pratique une politique d’accueil et de fermeté, mais d’accueil il n’y a rien ! Tout ce qui est pris en charge effectivement par le gouvernement ce sont des actions minimales telles qu’elles ont été ordonnées par les autorités judiciaires. C’est toujours avec le pied sur le frein et la marche-arrière enclenchée que le gouvernement fait le minimum et le fait mal, parce qu’il n’y a pas de vraie volonté d’accueil. Ce qui se passe ici n’a pas lieu dans un pays à 10 000 kilomètres, à propos duquel on pourrait dire « on ne peut rien faire ». L’abbé Pierre parlait « d’insurrection des consciences », il y a bien quelque chose de cela qui doit se produire. » 

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