P. Jean Burton (25.10.2024)
Dans la province de Namur, son père gérait une petite entreprise de menuiserie, sa mère un atelier de couture à domicile. Et comme la famille a connu l’Exode pour fuir l’invasion nazie, Jean naît en France – à la saint Ignace 1940 ! – cadet d’une fratrie de quatre enfants. Sa jeunesse s’écoule dans le Condroz, jusqu’à ce qu’il entre au noviciat jésuite d’Arlon en 1958.
Pour cet homme doué d’une grande capacité de travail, les études traditionnelles dans la Compagnie vont s’accompagner d’un solide parcours scientifique qui le mènera au doctorat en zoologie. Car, sa théologie achevée, et après son ordination en 1972, le P. BURTON est envoyé au Japon, où il va, en pleine forêt, étudier de près, pour l’université de Kyoto, les mœurs du singe Macaca fuscata (appelé aussi le macaque japonais).
L’obéissance le ramène en Belgique au bout de six ans, puisqu’on avait besoin de lui aux facultés de Namur. En 1986 lui est confiée la charge de maître des novices à Wépion. Il l’exerce 7 ans, avec le sérieux, et parfois l’austérité qu’on lui connaît, tout en gardant des activités universitaires à Namur – et sans parler de sa participation de plus en plus importante à la revue Vie consacrée (il en sera d’ailleurs plus tard le directeur, pendant 10 ans, de 1993 à 2003).
Dès 1993, au milieu de ses multiples ministères intellectuels et spirituels – Jean est heureux de donner les Exercices – il va pouvoir compter sur ce qu’apporte de fraternel et de stimulant la Communauté de La Viale Opstal installée à Uccle (commune de la région de Bruxelles-Capitale), dont il partage la vie quotidienne, y assurant le service de l’économat. De ce lieu, il écrira un jour : « C’est un milieu de vie délibérément évangélique. Cela veut dire, heureux. « Heureux » de ces Béatitudes qui ne se commandent pas mais surgissent. » Même quand il cessera d’y résider, notamment pour être ministre du théologat et bibliothécaire de l’Institut d’études théologiques (IET), tout en enseignant encore à Namur, les liens avec Opstal resteront pour lui un appui vivifiant.
En 2019, lorsqu’il avait rejoint La Colombière à la fermeture de l’IET, Jean montrait déjà des signes de fatigue cognitive. Mais à la famille, aux compagnons, aux amis, émus par sa faiblesse et son mutisme, il a été plus d’une fois donné de percevoir, dans un regard soudain pénétrant, dans une poignée de main ferme, que Jean était toujours bien là, avec eux. Oui, Jean a pu mystérieusement vivre l’inexorable déclin comme un chemin de douceur et d’abandon…
Philippe ROBERT sj (Bruxelles – La Colombière)
Article publié le 25 octobre 2024