Le 31 décembre au soir, les communautés jésuites de la Province EOF se sont rassemblées pour prier ensemble les vêpres. Ils nous partagent des extraits de leurs méditations qui peuvent nous permettre de relire l’année écoulée et d’offrir l’année qui vient.
Homélie du P. François Boëdec sj, Provincial, à partir de l’Evangile du 31 décembre – Jean 1,1-18
« Bienvenue frères et sœurs,
Il est bon de se retrouver ce soir, alors que bientôt nous allons passer d’une année à l’autre, pour nous remettre devant l’essentiel. Pour nous redire que les jours de notre vie ne sont pas sans liens avec ce que Dieu nous dit, parfois depuis longtemps. Et que nous ne pouvons pas regarder ce qui s’est passé cette année – dans ce monde et dans notre vie – pas plus qu’envisager ce qui vient, sans le faire avec Celui qui est pour nous, jour après jour, le Dieu de Vie, le Dieu de notre vie.
Ces vêpres de fin d’année, nous les vivons au terme de notre rencontre de Province qui nous a rassemblés par visioconférence. Compagnons de pays, d’âges, de missions, différents. Expérience que nous faisons de nous sentir reliés les uns aux autres. Bienvenus ce soir aussi à tous ceux qui nous rejoignent : amis, collaborateurs, partenaires. Nous sommes heureux d’être ensemble pour prier. Entrons dans cette célébration en nous mettant en présence de Celui qui nous a accompagné tout au long de l’année. Ami discret et fidèle, patient et surprenant et qui continue de nous attirer à Lui, vers la Vie.
[…]
Adressons au Seigneur notre première prière, ensemble, ce soir : Dieu Eternel et Tout-Puissant, Tu as voulu que tout effort de l’homme vers Toi, trouve son origine et son achèvement dans l’Incarnation de Ton Fils. Permets-nous, en ce soir, d’associer nos vies à la vie de Ton Fils. Lui qui ne cesse d’attirer le monde à Lui. Nous te le demandons par Jésus, le Christ, notre Seigneur.
[…]
Dieu est tenace en son Amour. Et il connaît l’urgence des temps. Celle d’aujourd’hui : médicale, sociale, culturelle, écologique, spirituelle. Mais en laissant résolument de côté la puissance qui s’impose, l’Emmanuel met en nous ce qui dans nos cœurs et dans le monde, est la seule force capable de briser tout ce qui empêche l’homme d’être lui-même : aimant et aimé, un homme pour et par les autres. Et nous savons par expérience tout ce que cette force de l’Amour, sous toutes ses formes, peut produire autour de nous. Quelle lumière elle projette sur notre vie, à chaque fois que nous nous y sommes risqués.
[…]
La Lumière de Dieu nous humanise. Et si nous nous trouvons trop blessés, trop cassés, trop fatigués pour la demander, laissons-la entrer par nos fêlures. Oui, notre histoire avec Dieu est celle d’une émergence à la Lumière. Et n’oublions jamais, particulièrement durant les jours de nos vies où l’obscurité peut parfois nous submerger, que le Sauveur-Lumière, ne se tient pas à l’extérieur des ténèbres. Il n’a pas craint, comme hier sur cette terre de Palestine déjà confronté à la violence, comme aujourd’hui dans les réalités contrastées de notre temps, de se placer au cœur de la nuit, pour y faire surgir la Lumière. Et notre visage d’ombre, révélé par cette lumière, et démasqué par elle, pourra à son tour devenir lumineux. Et nous pourrons à notre tour projeter, regarder et éclairer d’une lumière autre les réalités et les personnes de notre vie, de notre monde.
Alors frères et sœurs, compagnons et amis, il nous revient dans ces temps qui n’en peuvent plus des ténèbres, à travers le plus ordinaire de nos choix et de nos décisions, de nous battre à notre tour, pied à pied avec la nuit. Dans ce combat pour faire gagner le jour, ne doutons plus. Nous allons écrire en 2021 une nouvelle page de nos existences. Dans notre vie personnelle et collective. Il y a ce qui est prévu, attendu, redouté, et ce qui arrivera. Pour tout cela, dans ce quotidien où se tissent nos fidélités, faisons confiance à Celui qui est venu jusqu’à nous et demandons-Lui la grâce de pouvoir nous aider, les uns et les autres, tout au long de cette nouvelle année qui vient, à croire en sa Lumière. »
P. François Boëdec sj (Provincial de la Province EOF)
Relecture de l’année 2020 et de la pandémie de Covid 19 – P. Etienne Grieu sj
« Nous ne sommes pas près de l’oublier, cette année 2020 !
Pour la première fois depuis très longtemps, nous avons fait l’expérience d’un malheur collectif. La pandémie de Covid 19, c’est cela : un malheur qui touche tous les continents, tous les pays, tous les milieux sociaux, tous les âges, même si bien sûr, certains, plus exposés, moins protégés par des systèmes de santé déficients ou par des conditions de vie déjà précaires, seront beaucoup plus frappés que d’autres. En tout cas, il s’agit bien d’un malheur collectif, qui, potentiellement, peut toucher chacun. On est dans le même registre que les guerres, les crises économiques dévastatrices, ou bien les catastrophes naturelles de très grande ampleur.
Or, cela, nous n’en avions plus fait l’expérience, en France et en Europe, depuis la deuxième guerre mondiale, c’est-à-dire depuis 65 ans. C’était passé hors de notre champ de conscience.
Un malheur collectif, c’est bien entendu, terrible, du fait de son ampleur ; les victimes se comptent par milliers. Cela dit comparé à une guerre, ce que nous connaissons est un petit malheur collectif.
Je voudrais insister sur le deuxième terme de cette expression : malheur collectif. Car il pourrait, lui, avoir une fécondité et contenir une promesse. Nous avons fait l’expérience d’être frappés ensemble. Je crois que cela peut nous réveiller, sans ménagement, d’un sommeil dans lequel nous nous étions enfoncés, où nous voyions notre destinée ne s’écrivant qu’à la première personne du singulier. […] »
P. Etienne Grieu sj
(Recteur du Centre Sèvres – Facultés jésuites – Paris)
Seigneur, toi qui nous appelle à aider les hommes et les femmes de notre temps, dans leur diversité, à trouver Jésus Christ et à le suivre par le moyen des Exercices spirituels et du discernement. Nous te rendons grâce, en cette fin d’année 2020, pour les chemins de vérité et de vie que ton esprit ouvre dans les cœurs. Et nous t’implorons pour les personnes qui sont meurtries dans leur corps et dans leur âme par les abus, en particulier au sein de l’Eglise. Sauve-nous par ta Croix. Seigneur, donne-nous un cœur qui écoute les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses de ceux et celles que tu nous envoies, pour qu’ils entendent ta consolation.
Père Clément Nguyen, sj (Centre spirituel jésuite de Manrese)
Faire route avec les pauvres et les exclus de notre monde ainsi qu’avec les personnes blessées dans leur dignité, en promouvant une mission de réconciliation et de justice.
Seigneur, toi qui nous appelles à marcher aux côtés des pauvres, des personnes blessées dans leur dignité, des exclus et de ce ceux que la société considère sans valeur, dans une mission de réconciliation et de justice, nous te rendons grâce, en cette fin d’année 2020, pour toutes les solidarités dont nous avons été témoins autour de nous, notamment envers ceux que la crise sanitaire économique a laissé ou mis sur le carreau. Nous te rendons grâce pour le lancement de JRS Luxembourg, pour la créativité déployée pour continuer la mission pendant le confinement dans les autres œuvres : JRS Belgium, France et Grèce, Cised et CPU, Centre de Loyola Formation, CERAS et Centre Avec, ainsi que dans les diverses activités des communautés Compagnons jésuites et amis. Nous te rendons grâce aussi pour la générosité de ceux qui nous ont aidés à financer ces activités. Nous t’implorons, pour ceux dont la vie était déjà difficile, et se trouvent particulièrement vulnérables dans cette crise : les demandeurs d’emploi, alors que se multiplient les licenciements, les migrants pourchassés la nuit par la police dans les rues de nos villes, les jeunes désœuvrés en quête d’avenir. Nous te supplions pour qu’il y ait plus de justice dans nos sociétés. Seigneur, donne-nous d’ouvrir nos cœurs, nos intelligences, nos mains, nos portes, nos communautés et familles, afin de nous rendre proches de tous ces hommes et femmes marqués par la pauvreté.
Frère Jérôme Gué sj (communauté Saint Jean-François Régis – Toulouse)
Accompagner les jeunes dans la création d’un avenir porteur d’espérance
Seigneur, toi qui nous appelles à cheminer avec des jeunes, en les accompagnant dans la création d’un avenir plein d’espérance, nous te rendons grâce en cette fin d’année 2020 pour les rencontres, les temps d’accompagnement, et les célébrations vécues dans nos établissements scolaires, le réseau Magis, la Maison Magis, le MEJ, les aumôneries et dans bien d’autres équipes. En cette année inédite, les jeunes ont fait preuve de créativité et d’imagination pour rester reliés et cheminer ensemble vers le Père. Nous t’implorons pour eux, aide-les à ne pas se décourager en cette période troublée qui suscite le doute et le repli sur soi. Qu’ils gardent l’espérance d’une vie grande, belle et pleine de sens. Que l’esprit de tendresse, de consolation et d’inspiration prenne soin de chacun d’eux. Seigneur, donne-nous de les aider à trouver leur propre voix, à identifier le meilleur d’eux même et à contribuer à monde plus fraternel, plus solidaire, et davantage en harmonie avec la création. Donne-nous Seigneur de témoigner de ta bonté et de les inviter à marcher dans la confiance avec le Christ. Avec Lui, toute chose devient jeune et se remplit de vie.
P. Claude Philippe sj, (Directeur de la Maison Magis)
Travailler avec d’autres pour la sauvegarde de notre “Maison Commune”
Seigneur, toi qui nous appelles à prendre soin de notre Maison commune, à travailler avec la profondeur de l’Evangile, à la protection et au renouveau de la Création divine, nous te rendons grâce, en cette fin d’année 2020, pour l’énergie de tant de femmes et d’hommes de bonne volonté qui sont déjà à l’œuvre chaque jour pour construire ensemble les nouveaux modes de vie que nos sociétés et nos églises sont appelées à inventer. Et nous t’implorons pour toutes ces espèces animales et végétales qui disparaissent de la surface de la terre chaque jour sans cri audible à nos oreilles rendues sourdes par la soif de confort. Seigneur, donne-nous un cœur de pauvre qui sache réellement écouter la Clameur de la terre et la Clameur des pauvres et qui y réponde par une joyeuse conversion écologique dans le souffle de ton esprit de vie.
Xavier de Bénazé, jésuite en formation (communauté de Copleston House – Londres)
Offrir cette année qui s’ouvre avec le Pape
« C’est un moment pour rêver en grand, pour repenser nos priorités – ce à quoi nous tenons, ce que nous voulons, ce à quoi nous aspirons – et s’engager à agir dans notre vie quotidienne sur ce dont nous avons rêvé. Ce que j’entends en ce moment est semblable à ce qu’Isaïe (1,18) entend Dieu dire à travers lui. ‘Viens, parlons de tout cela.’ Osons rêver. »
Pape François, Un temps pour changer
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