Pape François : Laudato si’ en héritage
Parmi de nombreux textes influents, le pape François a laissé au monde l’encyclique Laudato si’ sur la sauvegarde de la maison commune, signée le 24 mai 2015. Ce texte a eu des effets puissants dans l’Église et a conduit la Compagnie de Jésus à faire de l’écologie intégrale l’une de ses priorités. Une dynamique fructueuse pour notre Province !

Dix ans déjà depuis cette encyclique ! Tant reste à faire pour honorer l’appel du pape à entendre le cri de la terre et le cri des pauvres en réformant nos styles de vie ; et en même temps, combien les choses ont changé dans l’Église depuis 2015 ! Si, depuis Paul VI en 1970 devant l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les papes ont eu régulièrement des paroles fortes sur la question environnementale, Laudato si’ constitue un tournant, étant la première encyclique dédiée à l’écologie. Une heureuse surprise a été de voir à quel point ce texte a rejoint les hommes et les femmes hors de l’Église. Dans l’Église catholique, l’encyclique a nourri une dynamique modeste mais réelle : la plupart des diocèses en France et Belgique francophone ont par exemple nommé des référents à l’écologie intégrale
Un accélérateur pour l’engagement écologique des jésuites
Dans notre Province, l’appel du pape a conduit un petit groupe de jésuites à se réunir en septembre 2015 pour chercher à engager les communautés jésuites sur un chemin de conversion écologique. Ainsi sont nées les « fiches Ecojesuit ». Si la Compagnie de Jésus était déjà en route, l’encyclique a constitué un catalyseur permettant de franchir un pas décisif, au point de considérer depuis 2019 que « travailler avec d’autres pour la sauvegarde de notre maison commune » est l’une des quatre préférences apostoliques universelles des jésuites. Ainsi confirmée dans ses intuitions, notre Province s’est dotée en 2020 d’une équipe de transition écologique et d’une feuille de route.
Un mouvement de fond
Depuis, la conversion écologique de la Province s’opère progressivement, en profondeur. La retraite de Province vécue en 2018 à partir du Parcours spirituel pour une conversion écologique a été un déclic pour de nombreux compagnons jésuites. Peu après, il a été décidé de faire de l’un des Centres spirituels de la Province un écocentre spirituel, et la transformation du Châtelard en un lieu où l’on vit pleinement l’écologie intégrale est désormais en cours. Là, comme à Penboc’h ou à La Pairelle, de nombreuses retraites et sessions écospirituelles sont proposées. Les revues et institutions jésuites apportent leur contribution intellectuelle aux questionnements auxquels la crise écologique nous confronte. Dans les communautés, les pratiques évoluent : une partie des repas se végétalise, les jésuites prennent davantage le train, des travaux d’isolation sont conduits dans les bâtiments. Le second bilan carbone de la Province vient d’être établi afin d’aider les jésuites à suivre l’évolution de leurs émissions et à repérer les leviers d’action principaux. Les établissements scolaires jésuites avancent, eux aussi, dans leur transition écologique (cf. Jésuites & Co n° 2025-1, p 26 et 27). Sans faire de vague, de réels changements personnels et de structure se sont opérés… et continuent de se produire.
Ancrés dans l’espérance
Chez les jésuites, comme chez les catholiques plus généralement, la conversion écologique suscite débats et résistances ; 80 % des catholiques pratiquants déclaraient ainsi, dans une enquête Parlons climat/IFOP en 2023, ne pas faire le lien entre l’écologie et leur foi. La relecture de ces dix années nous montre cependant que les fruits sont bien présents. Début avril, une quarantaine de membres de la famille ignatienne se sont rassemblés pour relire cette décennie de conversion écologique, célébrer le chemin parcouru et envisager la suite. En est ressortie une joie de constater que la famille ignatienne avait bel et bien avancé, tranquillement mais résolument. Nous avons perçu comme un appel à imiter la patience de Dieu dans notre agir écologique : tout n’a pas été fait au premier jour. Réjouissons-nous, ayons confiance et agissons !
Article publié le 22 mai 2025