P. Sébastien Freris (8.1.2025)

Le P. Sébastien FRERIS est un Grec des Cyclades. Il est né le 8 août 1937 dans l’île de Syros. Il apprit à connaître les jésuites à Syros déjà, où la Compagnie était responsable d’une paroisse. Il entre à 17 ans au noviciat d’Aix-en-Provence et prononce ses premiers vœux à Laval le 24 septembre 1956. Après trois ans de philo à Vals, il est envoyé à Athènes pour sa régence (1961-1965), suivie de trois années de théologie à Fourvière. C’est en 1969, un an après son ordination sacerdotale, que le P. Sébastien commence à s’inscrire activement dans l’effort culturel et œcuménique de l’Église catholique en Grèce. Il reçut en effet la mission de bibliothécaire des maisons jésuites de son pays. On lui reconnut dès cette époque son ouverture d’esprit en même temps que son sens de l’organisation.

Il fit son Troisième An à Cormontreuil avec, pour instructeur, le P. Jean LACAN, qui avait été également nommé délégué du P. Provincial pour « coordonner les efforts des différentes Provinces jésuites de l’Europe occidentale en vue d’un partage vrai de la vie ouvrière et populaire ». On le voit, le P. Sébastien n’a pas seulement reçu une formation intellectuelle de haut niveau mais il s’est également préparé à être un jésuite prêtre de terrain. Il prononcera ses derniers vœux à Athènes le 11 février 1976.

Le P. Sébastien – qu’on appelait affectueusement Sava – a été pendant plus de quarante ans compagnon de Jésus dans les milieux intellectuels et d’Église grecs, mais aussi sur le terrain paroissial et de l’accompagnement spirituel. Il a créé et organisé la bibliothèque athénienne des pères jésuites, qui résulte de la fusion des bibliothèques des résidences de Syros, Tinos, et Athènes. Il a été un des premiers en Grèce à lancer la création d’un catalogue électronique pour optimiser le classement et la recherche des livres. En parallèle, il a rassemblé en un seul fonds d’archives une vaste collection de brochures, petites éditions, images pieuses, invitations et divers documents imprimés, contribuant ainsi à la sauvegarde d’un précieux patrimoine documentaire pour la recherche future. Il fut aussi aumônier de la communauté catholique à Aspra Spitia, une ville de Béotie fondée en 1960 pour loger les ouvriers de l’usine d’aluminium voisine.

Le jour des funérailles du P. Sava, on a rappelé que les étudiants du séminaire de paléographie se souvenaient de lui avec beaucoup de respect, non seulement à cause de la richesse des données scientifiques dispensées dans ses cours, mais surtout pour les valeurs humaines et spirituelles dont témoignaient ses relations avec les chercheurs : « un homme de savoir et de cœur. » Et signe que son univers ne se limitait pas au monde universitaire, le P. Sébastien était très ouvert à l’accueil des immigrants récemment arrivés dans le pays. Chaque fois qu’il entendait depuis sa bibliothèque le brouhaha et le jeu des enfants réfugiés qui faisaient du bruit un étage plus haut, il n’était pas du tout gêné de ne pas pouvoir se concentrer sur tel ou tel ouvrage savant ; au contraire, il remarquait avec un bon sourire : « Vraiment, il semble que ces enfants aient trouvé le paradis ici. »

Le 8 janvier 2025, notre compagnon déjà très affaibli depuis quelques semaines s’est éteint paisiblement, comme dans un souffle, au cours d’une dialyse rénale. Dans ses relations pastorales et spirituelles, le P. Sébastien était présent à tous et à toutes. Il demeurera pour longtemps dans la gratitude de bien des mémoires.

Daniel SONVEAUX sj (Athènes)