P. Robert Pinsdez (30.11.2024)

Robert PINSDEZ Robert est né en 1926 en Normandie, à Dieppe. Maurice, son père, homme de caractère qui écoutait mais aimait être obéi, tenait un hôtel-restaurant à Dieppe. Robert avait deux sœurs, Suzanne son aînée de trois ans et Simone sa cadette de deux ans ; ils eurent la douleur de perdre leur maman, Suzanne, très tôt, à trente-deux ans ; c’est la sœur de leur père, Madeleine, qui renonça à ses projets de vocation religieuse pour élever les enfants. Plus tard, ceux-ci lui en furent reconnaissants ; Robert parlait d’elle comme d’une sainte femme. En 1939 éclate la guerre. Le père de Robert est mobilisé. Bientôt prisonnier en Allemagne, il est libéré deux ans plus tard. Entre temps la famille a été évacuée vers le Sud-Ouest, d’abord à Bordeaux où Robert achève au collège de Tivoli ses études secondaires commencées en Normandie. À dix-huit ans, Suzanne annonce sa vocation religieuse et son entrée au monastère. Cette vocation, chez les bénédictines, fut une grosse épreuve pour le père, qui mit longtemps à l’accepter. Doué pour les études, Robert décide en 1943 d’entrer chez les jésuites, à dix-sept ans : nouveau coup dur pour Maurice, qui mettait de grandes espérances en lui.

Dans la Compagnie, Robert suit le cursus normal de formation et passe une licence de mathématiques. Il fera son service militaire dans les chasseurs alpins, ce qui lui convient car il aime pratiquer les sports. Il est ordonné prêtre en 1957. Toute sa vie apostolique se déroulera dans le Sud-Ouest, à part deux années comme Socius du Provincial. La lettre que lui adressera le P. KOLVENBACH pour ses cinquante ans de vie jésuite décrit bien ce que fut sa vie apostolique : « Mes remerciements vont à l’éducateur des grands élèves que vous avez été pendant des années, tant au Caousou qu’à l’école d’agriculture de Purpan. À l’intérieur de ces institutions scolaires, on vous a demandé bien des services divers. Vous y avez donné un enseignement scientifique, que vous aviez sérieusement préparé à Versailles; vous avez eu la responsabilité de préfet, ce qui signifie que bien des élèves et des professeurs peuvent vous en être reconnaissants. On peut y ajouter la responsabilité des activités sportives, que vous avez souvent assumée, et dont on sait bien combien elles sont un facteur d’équilibre dans la vie des grands élèves de lycée et d’écoles supérieures. Mais on peut vous remercier aussi tout spécialement pour le service que l’obéissance vous a confié. Vous l’avez exercé à Purpan, comme directeur de l’établissement, et aussi comme supérieur religieux de votre communauté. ».

Ceux qui l’ont côtoyé dans sa vie apostolique seront d’accord pour reconnaître que là où Robert exerçait son apostolat, il était un peu comme l’étoile polaire : quand on était perdu, ou quand on voulait savoir où l’on en était, on était rassuré par sa présence car il était toujours là où on l’attendait, à la place où il lui avait été demandé d’être présent. C’était un homme équilibré, complet aussi bien intellectuellement que sportivement, parlant peu mais s’exprimant quand il jugeait devoir le faire. Il pratiquait plusieurs sports (tennis, montagne) mais le rugby représentait sans doute le mieux sa façon d’agir et de se comporter car il avait le sens de l’équipe, la rapidité d’action, la sûreté du coup d’œil. En même temps, chose appréciée de nos jours, Robert exerçait son autorité sans emprise : avec lui on se sentait libre d’être ce que l’on était tout en respectant de saines limites.

Robert ne s’enfermait pas dans ses activités d’enseignement. Il a participé activement à des groupes du MCC, de la Communauté de Vie Chrétienne. Il a tissé, dans ses activités montagnardes, de vrais liens amicaux. Il cachait un peu une saine piété populaire ; il n’est donc pas indu d’avoir déposé sur son cercueil, au-dessus de l’aube et au creux de l’étole, un grand chapelet.

Robert a terminé sa vie en EHPAD, d’abord de façon active à Pau, en exerçant la direction de l’établissement pendant plusieurs années, puis comme économe, assumant sa charge malgré une déficience visuelle progressive, contre laquelle il s’est battu opiniâtrement. À un moment donné, il a renoncé de facto à ses responsabilités pour défendre pied à pied son autonomie, et ce presque jusqu’au dernier jour. Il fallait louvoyer pour réussir à lui proposer de l’aide.

Thierry GEISLER sj (Pau)

Article publié le 30 novembre 2024

Aller en haut