P. Robert Bonfils (3.5.2025)
Né le 26 septembre 1932 d’une famille d’ouvriers agricoles, sous le soleil et le ciel bleu du midi, Robert fait ses études secondaires au lycée de Montpellier, mais est spirituellement formé par le P. Pierre BLANC sj à l’occasion des « patros » et de la colonie de vacances de Prévenchères : « c’est à lui que je dois ma vocation religieuse ». Entré au noviciat à 18 ans dans la Province de Toulouse, Robert suit une formation classique avec un goût qui perdure pour la littérature et l’anglais… Il enseignera les deux en Algérie, qu’il découvre une première fois pendant son service militaire et pour laquelle il désire travailler ensuite dans une Algérie indépendante. Cela lui sera donné après trois années de régence au collège Saint-François-Régis de Montpellier, une licence une licence d’anglais et sa théologie à Fourvière de 1962 à 1966, temps d’étude dont il se félicite et rend grâce.
Et le voilà de retour en Algérie, enseignant à Alger, dans l’Inter-collèges, comme professeur d’anglais et de français. Il s’attache beaucoup à cet enseignement comme aux élèves qui le lui rendent bien et viendront en témoigner plusieurs dizaines d’années plus tard à son enterrement ! Brève interruption dans cette période pour un 3e an partagé entre Cormontreuil (partie commune), l’Angleterre et Paris. Puis retour à Alger jusqu’à la nationalisation de l’enseignement. Robert essaie de rester et postule pour un poste en Algérie, et il va enseigner pendant 5 ans à Tedessa, à 600 km d’Alger, dans des conditions qui vont finir par le décourager. Il démissionne et rentre en France, tout en restant nostalgique de son séjour algérien. Il va garder des contacts jusqu’à la fin de son séjour à la Chauderaie. Pour ses anciens d’Inter-Col, il aura été bien plus qu’un enseignant : un passeur, un éveilleur, un homme qui, incitant ses élèves à la réflexion, les ouvre à la liberté… Le voilà donc de retour, toujours au soleil, dans l’enceinte avignonnaise pour 9 années, d’abord aumônier, de 1981 à 1983 « mais ça ne correspond pas à mes aptitudes ! », puis comme professeur d’anglais bien sûr, jusqu’en 1990.
Et là, surprise ! « La Province de France a besoin d’un « archiviste pour rassembler et gérer les archives des quatre anciennes Provinces réunies à Vanves. Et me voilà embarqué pour 25 ans d’un travail passionnant, d’abord à apprendre par l’étude et la fréquentation de spécialistes, puis à réaliser. Que de rencontres en France, à l’étranger, à Vanves… », raconte-t-il. Et, cerise sur le gâteau, Robert va donner de nombreuses retraites, notamment pendant 23 ans en Angleterre chaque été.
Et, au terme de ces 25 ans de service de la Compagnie aux archives, Robert va revenir au soleil de Montpellier pour six années marquées par une diminution progressive de l’apostolat due à l’âge et à des problèmes de santé …, ce qui l’amènera à la Chauderaie pour une vie au calme où il continue de prendre soin des fleurs en les arrosant avec le même soin que quand il triait et classait les archives ! Et enfin, c’est Lille et la maison Saint-Jean, des forces qui déclinent peu à peu, mais non pas l’humour et la gentillesse, notamment avec le personnel, jusqu’à ce dernier soir où il reçoit en présence de la communauté le sacrement des malades et s’éteint doucement, veillé par l’un d’entre nous. Deo Gratias. Robert a vécu dans la discrétion : Ad majorem Dei gloriam.
Michel ROGER sj (Lille – Maison Saint-Jean)
Article publié le 3 mai 2025