René Marichal

René MARICHAL est né en juin 1929 à Choisy-le-Roi. Il fit ses études secondaires au collège Saint-Joseph de Lyon, puis, au lycée Lakanal à Paris. Il entra au noviciat de Laval en octobre 1947. Son parcours dans la Compagnie s’est déroulé, essentiellement, à Paris et au Centre Saint-Georges de Meudon avant de retrouver Lyon en 2002.

Dès son juvénat, il se mit à l’étude du russe. Pendant sa philosophie à Chantilly, il suivit les cours du célèbre slaviste Pierre PASCAL à la Sorbonne. Son premier ministère fut à la revue Études, fondée, comme on sait, par le père Ivan GAGARINE pour « s’occuper de questions d’intendance ». Entre deux courses, il suivait l’actualité du monde russe et soviétique. Il publia quelques articles. À partir de 1969, il prit la succession du P. ROUËT de JOURNEL à la tête de la Bibliothèque slave, initiative du même P. GAGARINE (fondée en 1850, cette bibliothèque est la plus riche bibliothèque d’ouvrages relatifs à la culture religieuse russe et slave en Europe occidentale). Il assura le déménagement de la bibliothèque de la rue de Sèvres à la rue d’Assas, de la rue d’Assas au boulevard Raspail, du boulevard Raspail à Meudon, transportant une bonne partie des caisses au volant de sa 2 CV.

En 1973, il fut envoyé au Centre Saint-Georges de Meudon, lieu d’étude de la langue et de la culture russe, qui avait pris la suite de l’internat du même nom fondé à Constantinople en 1921. Saint-Georges était un lieu de rencontre assez exceptionnel où se côtoyaient Français, Russes des diverses vagues d’émigration et Russes d’Union soviétique, Anglais, Italiens, etc., sans oublier quelques « agents » qui s’informaient de ce qui s’y passait. Il y fut, successivement, un supérieur attentif et un ministre remarquable d’efficacité.

Du fait de sa connaissance du monde orthodoxe, de sa théologie et de sa liturgie (il célébrait, régulièrement, en rite byzantin), il participa pendant plusieurs décennies à la Commission mixte de dialogue catholique-orthodoxe.

Une initiative qui eut un grand rayonnement en Russie fut le lancement en 1979 de la revue « Simvol » (Symbole). Sa visée était, par le biais de traductions, de faire connaître les productions théologiques d’Europe occidentale, de « mettre en regard la pensée et la vie de nos deux Églises, dans leur réalité et leur environnement culturel, pour en manifester l’essentielle complémentarité. ». Aidé par le père André STERPIN et un laïc russe, Alexandre MOSSINE, René MARICHAL en fut le directeur assidu. Parallèlement, il mena des travaux de traduction du russe : Le chêne et le veau d’Alexandre SOLJENITSYNE, Et le vent reprend ses tours de Vladimir BOUKOVSKY ainsi que plusieurs ouvrages du père Alexandre MEN, célèbre prédicateur et écrivain de la fin de l’époque soviétique. Il est, aussi, l’auteur d’une Anthologie des premiers chrétiens de Russie dans la collection « Foi vivante ».

La perestroïka qui permettait aux Russes de voyager plus facilement, augmenta les occasions de rencontres. Des cars de pèlerins en route vers Taizé s’arrêtaient à Saint-Georges. Les participants découvraient cette « petite Russie » de la banlieue parisienne et l’accueil toujours souriant du « père René ».

La fermeture de Saint-Georges occasionna le transfert de la Bibliothèque slave à Lyon dans le cadre de l’Institut européen Est-Ouest de l’École normale supérieure. René MARICHAL suivit sa chère bibliothèque et continua à y travailler tant qu’il le put. Outre quelques travaux de traduction poursuivis après son départ pour La Chauderaie, il célébrait, régulièrement, dans la paroisse de rite oriental Saint-Irénée.

Dès l’annonce de sa mort, on vit paraître de très nombreux témoignages sur les réseaux sociaux russes, en signe de gratitude pour l’œuvre accomplie.

François EUVÉ sj