P. Guy Lepoutre (16.7.2025)
Car Guy est aussi un homme de feu. Une phrase biblique lui tenait beaucoup à cœur : « Mon Père est toujours à l’œuvre, et moi aussi je suis à l’œuvre » (Jn 5, 17). Il aimait dire qu’il ne connaissait pas le mot « vacances » ; de même, il ne savait pas conjuguer le verbe « ralentir ». Plusieurs m’ont témoigné à quel point Guy était disponible, toujours au service, sans cesse à l’écoute, trouvant toujours un moment pour recevoir ceux et celles qui venaient le trouver, même à l’improviste. Guy est un travailleur apostolique infatigable, attentif à chacun, bien personnellement. Il s’est donné à fond dans le ministère de l’éducation, au collège, au MEJ. Puis il a découvert le Renouveau, recevant l’effusion de l’Esprit en présence de Pierre GOURSAT ; pendant quinze ans, il a coordonné les jésuites en lien avec le Renouveau en Europe francophone. Quand, il y a soixante ans, beaucoup de points de repère semblaient perdus de vue, il est émerveillé de pouvoir, en Église, avec nos frères évangéliques, se laisser prendre par l’Esprit Saint. Soucieux de communion, Guy savait cependant s’emporter pour un sujet qui le passionnait. Et ce qui le passionnait, c’est Dieu et l’être humain : la personne comme enjeu du combat spirituel qui nous dépasse. Connaisseur de l’âme humaine, il reçut le ministère d’exorciste.
Connaissez-vous Guy pédagogue ? Il avait l’art, disait Vincent de MARCILLAC, « de dire les choses complexes avec des mots simples ». Dans la chapelle La Colombière à Paray, Guy donnait des homélies concrètes et inspirantes, tissées d’un enthousiasme et d’un dynamisme qui nous portaient à aimer Dieu, avec des intuitions originales, comme à la Toussaint de l’année dernière, où il soulignait « l’apostolat immortel » des saints et saintes de Dieu. Il « affirmait bien souvent, dit encore François ROLLAND, que Dieu n’est qu’Amour ». Lors d’un week-end communautaire de formation dans la Compagnie, Guy soulignait l’importance de prendre en considération « la constitution eucharistique du Corps de l’Église ». Il attachait une grande importance à la célébration quotidienne de l’Eucharistie.
Tous nous pourrions témoigner de Guy comme d’un homme de Dieu. Il connaissait des personnes en grande pauvreté. À Reims, avec la Conférence Saint-Vincent-de-Paul, il aidait les élèves de Saint-Joseph à servir les personnes vivant dans le bidonville dit « du Maroc ». Et ses dernières paroles ont été : « Il faut téléphoner à la maison du Verny [où se trouve un terrain pour accueillir les gens du voyage] et leur dire que je ne peux pas venir confesser. » Jean-Yves GRENET a bien connu Guy dans des camps du MEJ avant même d’entrer dans la Compagnie. Il reste « impressionné par sa volonté de découvrir ce qui était proposé et en même temps son souhait d’aider à découvrir Jésus-Christ, ce qui n’était pas sans frictions ni difficultés ». Et Jean-Yves se rappelle l’attitude de Guy pour aller de l’avant dans ces dialogues : celle d’une « radicalité humble », à l’image de Jésus-Christ doux et humble de cœur. Henri AUBERT se rappelle avoir été accompagné par Guy pendant ses années estudiantines. « Guy m’a donné le coup de pouce pour écrire au maître des novices et entrer [dans la Compagnie] à Lyon en 1972. » Henri rend grâce au Seigneur pour Guy et « garde de lui le souvenir d’un homme bon et accueillant ». Nous aussi, nous remercions Dieu pour Guy, au moment où nous le confions à Dieu.
Thierry MONFILS sj (Paray-le-Monial)
Article publié le 16 juillet 2025