P. François de Valroger (14.1.2025)
À 19 ans, François entre au noviciat. Laval pour le juvénat et Chantilly pour la philosophie furent les étapes suivantes. Le temps qu’il vécut pour sa régence à Roubaix, dans un foyer de jeunes travailleurs, fut marquant et le conduisit à un cursus d’études spécialisées où il obtint le diplôme d’État de conseiller d’éducation. En 1970, il commence à Lyon ses études de théologie ; durant cette période, écrit-il, « j’ai eu la chance de pouvoir participer au démarrage d’un des tout premiers groupes de prière charismatique en France, celui de la crypte Saint-Vincent, qui deviendra la communauté du Chemin Neuf ».
Après son ordination presbytérale en 1973, il reçut la mission de travailler dans les Centres spirituels de Mouvaux puis de Chantilly : il aimait y donner des retraites selon les Exercices spirituels mais aussi des sessions de formation humaine et spirituelle. Cela le préparait à la charge d’assistant régional CVX qu’il assuma plus tard, de 1990 à 2004, d’abord à Reims puis à Lille.
À Reims, dès 1986 et pendant près de douze ans, son engagement majeur fut sur les campus universitaires où il dut, selon ses propres termes, « réapprendre à exprimer sa foi et ses convictions pour un public avide de savoir et exigeant quant au style et au vocabulaire de la transmission ». Cette « école », à la fois rude et passionnante, le prépara à vivre ensuite et durant plus de vingt années (1997–2018) en paroisses populaires, à Lille, Nancy et Marseille auprès des personnes modestes ou dans le besoin, en les aidant à entrer dans l’intelligence de la Parole de Dieu ; à travers son engagement et dans sa prédication, par sa présence discrète et attentive, par sa simplicité fraternelle avec les gens ordinaires, il aidait les uns et les autres à découvrir ce qui était cher à son cœur : la tendresse infinie de Dieu et Sa miséricorde sans limites. Dans ses homélies pouvait alors se dévoiler son expérience intime d’un Dieu qu’il disait « passionnément désireux de se faire connaître et de tisser des liens avec nous, mais avec un respect infini de nos libertés. »
En 2018, François dut quitter Marseille pour Vanves où il affrontera de graves problèmes de santé (maladie de Parkinson et cancer) qui ne pourront avoir raison de son courage. Après s’être fait si souvent proche de ceux qui étaient fragiles, il a vécu dans la propre vulnérabilité de sa chair ce qu’il exprimait dans une de ses homélies : « accueillez dans la douceur cette Parole, et l’enfant de Dieu que vous êtes grandira avec bonheur dans la confiance. » Une soignante de la Maison médicale Jeanne Garnier témoigna qu’il était mort les yeux grands ouverts, comme les yeux grands ouverts d’un enfant de Dieu à qui, doucement, son Créateur et Père se dévoile face à face.
François-Xavier DUMORTIER sj (Vanves)
Article publié le 14 janvier 2025