Les religieuses du Sacré Cœur fêtent le centenaire de la canonisation de leur fondatrice, sainte Madeleine-Sophie Barat.
Les sœurs du Sacré Cœur fêtent le 24 mai 2025 le centenaire de leur fondatrice sainte Madeleine-Sophie Barat. Cette congrégation a des liens étroits avec les jésuites depuis sa création. Une eucharistie de la solennité du Sacré Cœur sera célébrée le 27 juin en l’église Saint François Xavier de Paris, où repose le corps non corrompu de Madeleine-Sophie.

Les relations de Madeleine-Sophie avec les jésuites remontent à son adolescence. Elles ont déterminé la dimension ignatienne de la congrégation.
Louis Barat, le frère de Madeleine-Sophie, qui lui a donné à une éducation exceptionnelle pour une femme du 19ème siècle, est entré chez les Pères de la Foi, congrégation « de substitution » à la Compagnie de Jésus qu’il a rejointe dès sa restauration en 1814. Il a eu une influence déterminante sur sa sœur, notamment en lui présentant le Père Varin, responsable des Pères de la Foi. Le Père Varin a convaincu Madeleine-Sophie, âgée de 21 ans, de sacrifier son attrait pour le carmel, et de réaliser l’intuition d’un de ses compagnons ignatiens, le Père de Tournely : une congrégation, fondée sur la vie intérieure, vouée à découvrir et manifester l’amour du Cœur de Jésus par le service de l’éducation de la jeunesse. Le Père Varin est ensuite devenu le directeur spirituel de Madeleine-Sophie Barat, le supérieur de la congrégation naissante, et le principal rédacteur des Constitutions de la Société du Sacré-Cœur dont la structure de gouvernement est inspirée de celle des jésuites afin de favoriser un développement international en se dégageant d’une dépendance excessive envers les évêques locaux. « En voyant les Constitutions et les Règles qui viennent d’être rédigées, vous n’aurez pas de peine à reconnaître qu’on s’est rapproché de celles de saint Ignace, autant qu’il était possible, et qu’on y a puisé tout ce qui pouvait nous convenir », disait Madeleine-Sophie en conférence le 17 Décembre 1815 peu de temps après l’approbation des Constitutions en Conseil général. Madeleine-Sophie y a largement mis sa touche propre, et n’a cessé au long de sa vie d’affirmer que la congrégation n’avait pas pour vocation et essence d’être une version féminine des jésuites.
Le charisme de Madeleine-Sophie jaillit des traditions ignatienne, carmélitaine et de l’École française.
« Vous le savez, [le Cœur de Jésus] est le fondateur de cette petite Société – disait-elle sur le tard. Longtemps avant qu’elle existât, il fit connaître à ses serviteurs qu’elle devait réunir l’esprit intérieur de sainte Thérèse, l’humilité et la douceur de saint Ambroise, le zèle de saint Ignace. » (Adèle Cahier, Vie de la vénérable Mère Barat, Paris, 1884, Tomes II, p. 425)
La finalité de la congrégation est de glorifier le Cœur de Jésus, donner du poids à son amour. Les jésuites ont marqué de leur empreinte les quatre moyens mentionnés dans les Constitutions de 1815 en vue de cette fin : « l’éducation des jeunes élèves pensionnaires », « l’instruction gratuite des enfants pauvres externes », « les rapports nécessaires avec les personnes du dehors » où l’on retrouve la conversation spirituelle ignatienne, et « les exercices de retraite qu’on facilite aux personnes du monde ».
Dès ses commencements, les sœurs bénéficient et font bénéficier de la pédagogie des Exercices, pas seulement à l’occasion des retraites : « Dans la circulaire [adressée à toute la congrégation] que nous vous adressâmes après notre dernier Conseil, nous vous engageâmes à faire usage de la méthode de Saint Ignace pour l’oraison et les examens ; aujourd’hui nous venons vous en faciliter la pratique en mettant entre vos mains un livre de méditation qui vous enseignera à la faire selon les Règles prescrites par ce grand maître de la vie spirituelle » (Conférence du 28 Juillet 1835).
L’influence des jésuites dans la vie et l’œuvre de Madeleine-Sophie Barat est une illustration de leur fidélité à leur mission.
Cette mission est consignée en 1883 lors de la 23ème Congrégation Générale (décret 46) : « Nous déclarons que la Compagnie de Jésus accepte et reçoit avec un esprit débordant de joie et de gratitude la charge très douce que lui a confiée notre Seigneur Jésus-Christ de pratiquer, promouvoir et propager la dévotion à son très divin Cœur ». (lien)
C’est bien aussi un jésuite, le Père Favre, qui a aidé Madeleine-Sophie à se libérer de la peur de Dieu profondément inscrite en elle, enfant de Joigny où sévissait le jansénisme. C’était dans les années 1830, Madeleine-Sophie était dans la cinquantaine… Il l’a accompagnée à vivre du charisme de la congrégation qu’elle avait fondée : l’amour doux et humble du Cœur de Jésus.
Pour en savoir +
Sa maison natale, convertie en centre spirituel tenu par les sœurs du Sacré Cœur
Le site des religieuses du Sacré Cœur
Pour prier avec Madeleine-Sophie Barat
Un livre, Prier 15 jours avec sainte Madeleine-Sophie Barat, par soeur Marie-Paule Préat, éditions Nouvelle Cité, avril 2025
Une neuvaine qui évoque son parcours humain et spirituel
Article publié le 21 mai 2025