Barque et brouillard

Barque et brouillard, une oeuvre numérique par Benoît Vermander sj

Il faut commencer par la fin
pour triompher de nos débuts,
finir par cela qui les précéda.
Il faut remonter, quel que soit le cours,
avant, arrière, monter et remonter,
avancer surtout, et de préférence contre les courants,
mais parfois pourtant se confier à eux – les courants -,
se confier triomphalement.

Lors me voici dans les courants,
sans trop savoir où ils vont,
ni moi non plus,

et heureux, tout soudain, de ma bienheureuse ignorance,
de l’ignorance des courants,
qui s’obstinent, qui courent, qui procèdent.
Je ne rame que par principe, j’abandonne
l’aviron à l’eau, qui ne sait quel courant la travaille,
ni quel autre – ou le même – travaille le rameur,
l’ex-rameur.

Je remonte la barque sur la rive,
sous l’arbre m’abandonne au sommeil,
plus fort encore et plus profond que les courants qui
tout ce jour
justement jouèrent.

À propos de l’artiste

Benoît Vermander sj enseigne à la faculté de philosophie de l’université Fudan, à Shanghai. Il pratique la calligraphie et la peinture chinoise. Il a publié deux recueils poétiques : À taire et à planter (DDB, 2010) et Chose promise (Orients, 2016).

Sa dernière exposition a eu lieu à l’Ancienne Banque de France, à Lens, en 2019. Ses œuvres picturales sont rassemblées sur le site benoit-vermander.com

Cet article est paru dans la revue Échos jésuites (automne 2020), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, merci d’envoyer votre mail et/ou votre adresse postale à communicationbxl [at] jesuites.com.