« Accueillir l’enfant qui est en nous » : méditation de Cyrille Causse sj pour l’Avent
« Accueillir l’enfant qui est en nous » : méditation de Cyrille Causse sj pour l’Avent
Cyrille Causse sj, responsable des parcours Catéchuménat et Ecoute à la Maison Magis, partage une méditation de l’Avent pour accueillir l’enfant-Dieu, en redevenant nous-mêmes enfants.
Au seuil de l’Avent, plusieurs témoignages de victimes d’abus sexuels entendus ces dernières semaines me reviennent. Beaucoup[1] commencent en racontant quelque chose de l’enfant qu’elles étaient, jusqu’à la dévastation terrible de l’abus qui a bouleversé leur vie. Plusieurs victimes, pour survivre à la violence et à la solitude devant un système plus prompt à se protéger lui-même qu’à écouter la victime, ont en effet dû faire taire, inconsciemment sans doute, cet enfant qui était en eux[2]. Peut-être la voix de cet enfant encore vulnérable, tendrement naïf comme on devrait l’être à cet âge, porté aux rêves et à la confiance envers les adultes qui l’entourent, devient-elle insupportable à celui ou celle dont la vulnérabilité a été si scandaleusement violentée. Mais dans cette accusation muette contre l’enfant, c’est encore la victime qui s’accuse du crime qu’elle a subi. Se réconcilier avec cet enfant-là, c’est proprement lui rendre justice et c’est aussi sauver cette vulnérabilité première, qui ouvre à la vie et aux autres.
L’exemple du récit des victimes peut nous accompagner durant l’Avent, même si chacun de nous ne partage pas la même blessure. Accueillir l’enfant qui est en nous et en l’autre, ce peut être reconnaître ce que nous avons enfoui de ses rêves, de ses espoirs, de sa fragilité et de sa confiance au fil de nos blessures. Il s’agit en cette période non seulement d’accueillir l’enfant-Dieu, mais de l’accueillir intérieurement, en redevenant nous-mêmes enfants, pour mieux entendre cette promesse : « Comme un enfant que sa mère console, ainsi, je vous consolerai. Oui, dans Jérusalem, vous serez consolés. »[3].
