Philippe Lécrivain

Philippe LÉCRIVAIN était déjà prêtre depuis sept ans lorsqu’il entra au noviciat, en 1975. Vicaire à Rennes, il avait été chargé du catéchuménat des adultes et de la formation du clergé. Après ces années de ministère, accompagnées d’études en histoire et sociologie, il désirait « se recentrer », comme il aimait à le dire.

Membre des communautés de Blomet et Sèvres, son activité s’est alors exercée, pour l’essentiel, au service de la Formation. Professeur d’histoire du christianisme, directeur du premier cycle, Philippe s’intéressa tout particulièrement à l’histoire et à la spiritualité de la Compagnie, à ses missions en divers lieux du monde, comme en témoignent ses nombreuses publications. Il joua un rôle important au service de la vie religieuse, par sa réflexion théologique, par la fondation, avec l’appui d’Henri MADELIN alors président du Centre Sèvres, de la Formation Universitaire des Moniales et l’organisation des sessions annuelles de vie religieuse.

En tout cela, Philippe était une « personnalité » au milieu de nous. Son amitié pouvait être parfois déroutante, mais elle abritait un tempérament profondément généreux, sensible, d’une grande pudeur, avec les maladresses ou les malentendus que cela peut toujours susciter. Il ne ménageait pas sa peine pour aider ses frères les plus jeunes dans leurs études. Combien de temps n’a-t-il pas passé à lire et relire dissertations, mémoires et thèses, corrigeant beaucoup, parfois jusqu’à sauver le travail d’un compagnon en difficulté !

En raison de problèmes de santé de plus en plus graves, les dernières années furent difficiles. Il ne lui fut plus possible de rester dans la communauté de Sèvres, au milieu de compagnons de tous pays, qu’il aimait. Il rejoignit Vanves. Il poursuivit quelques recherches sur les jésuites et la science, même si le cœur n’y était plus tout à fait. Il ne se plaignait pas. Il prenait beaucoup sur lui ; sans doute s’abandonnait-il de plus en plus à son Seigneur. Il vécut d’une autre manière au service de ses nouveaux compagnons. Il aimait demander des nouvelles des uns et des autres, il s’intéressait à la vie de la Compagnie.

Avec l’épidémie qui montait, nous savions qu’il était particulièrement vulnérable. Hospitalisé en urgence le Vendredi Saint, il nous quittait le lundi de Pâques. Une dernière fois, il a dû contempler le Christ en croix ; avec plusieurs de ses compagnons, en ces jours sombres pour toute l’humanité, il a vécu la Pâque éternelle. Il nous a alors redonné d’entendre l’Évangile choisi dans la stricte intimité d’une célébration : « Moi, je suis la Résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ».

Henri LAUX sj