Olivier de DINECHIN est né en 1936, à Charnay-lès-Mâcon, en Saône-et-Loire, deuxième enfant d’une fratrie de trois filles et de quatre garçons. Ancien de Ginette, sitôt sorti de Polytechnique, il embarque à 22 ans comme enseigne de vaisseau, mais abandonne les océans pour entrer au noviciat en 1960. Après une formation classique, il est ordonné prêtre en 1968.

Ses supérieurs lui demandent d’étudier l’éthique, choix qui orientera toute sa vie apostolique. Il enseigne la théologie morale à Lyon-Fourvière, puis à l’Institut d’Études Sociales et au Centre Sèvres à Paris, mais aussi à La Baume-lès-Aix et à Marseille où il animera l’Espace Éthique Méditerranéen. Olivier est aussi membre du CERAS et directeur des Cahiers de l’Actualité Religieuse et Sociale : on y remarque sa plume, mais aussi son bel humour, à travers ses célèbres coups de crayon. Spécialisé en éthique biomédicale, Olivier se met au service d’une réflexion explorant le champ des possibles s’offrant à la liberté humaine, en une démarche exigeante de discernement, abordant les sujets qui faisaient l’objet des débats les plus vifs dans la société à cheval sur deux siècles. Et c’est assez naturellement qu’on se tourne vers lui pour participer à de multiples groupes de réflexion et instances, ecclésiales ou civiles : il est délégué de l’épiscopat français pour les questions morales concernant la vie humaine, membre du Conseil national du sida et membre du Comité consultatif national d’éthique.

Au temps de la retraite, toujours curieux et passionné, Olivier poursuit ses recherches et se tient informé. Viennent parfois les regrets, dont celui de n’avoir pu faire une thèse de théologie morale… souvent chassés par l’action de grâces pour ce qu’il peut faire encore. En 2015, le passage à l’EHPAD Maison Soins et Repos est une épreuve, mais il continue à accompagner personnellement de nombreuses personnes, ainsi que des groupes : amis polytechniciens, Communautés de Vie Chrétienne ou groupes de partage « Devenir Un En Christ ». Alors que les pathologies s’accentuent, qu’il ne peut plus visiter ses compagnons et leur remonter le moral, que les maux rongent son corps, que la main ne dessine plus et que la parole est plus difficile, Olivier vit une espérance : « Nous attendons ta venue dans la gloire ». Il se tient dans la prière, en communion pauvre avec les personnes qui, alitées, handicapées, écoutent Radio Notre-Dame.

Arrive 2021 et son cortège de pneumopathies qui lui font connaître force cliniques et hôpitaux. Passé près de Charon, il en revient toujours. Diminué, mais il en revient. Olivier le « guerrier », comme l’appellent des membres du personnel de la Maison Soins et Repos, Olivier résiste. Puis ce sont les soins palliatifs, dans sa chambre, à Vanves. Le 12 juin 2021, après les avoir une dernière fois grand ouverts, Olivier clôt ses yeux d’azur, et rend son dernier souffle, dans sa communauté de Vanves. Communauté où, 45 ans plus tôt, jour pour jour, le 12 juin 1976, il prononçait ses derniers vœux dans la Compagnie de Jésus.

Jacques GEBEL sj