Michel est né à Vienne, en Isère, en 1923. Ainé d’une famille de cinq enfants, il est attendu et désiré. Son frère Jean, venu travailler aux archives de Grenoble, nous avait montré un livre où sa mère notait ce qu’elle observait de son enfant… Ses écrits nous révèlent un enfant doué, qui avait une soif de connaître le monde et les énigmes de la vie, avec un autre trait, très tôt, il aimait prêcher.

En 1942, Michel rejoint le noviciat de la Compagnie à Villefranche sur Saône et fait ses premiers vœux à Yzeure, en 1946. Suivent les années de philosophie à Villefranche et Pullach, de régence à Marseille et Saint-Étienne, puis de théologie à Lyon-Fourvière. Ordonné à Lyon en 1955, il prononce ses derniers vœux à Aix-en-Provence en 1960. Il y est maitre des novices de 1959 à 1967. Supérieur à Lyon, il revient à Aix, sa terre d’élection, de 1972 à 2004.

C’est rue Sala, en 1968, que je l’ai connu comme supérieur, puis j’ai eu cette grâce d’être son supérieur à la Baume-les-Aix, puis à Grenoble. Je voudrais souligner l’un ou l’autre trait de cette personnalité, « hors du commun », qui avec d’autres a marqué une époque et des générations de jésuites et de laïcs.

Comme théologien, Michel fut d’abord un grand spirituel. Le théologien est celui qui parle de Dieu et non sur Dieu, et suppose un homme de foi qui prie. Comme l’avait rappelé Mgr PANAFIEU, à son jubilé à Aix, Michel est « un théologien qui, d’une manière étonnante, a été capable de réconcilier la liberté intérieure et le sens ecclésial. Ce paradoxe est possible quand il est vécu à une certaine profondeur. Cela donne une liberté de parole, faite de fermeté et de douceur ». Cette liberté a accompagné Michel dans ses traversées qui ont été multiples. Pour Aix-en-Provence, en plus du défi de tenir ensemble théologie, culture et vie spirituelle, il a été capable de rassembler autour de ce projet les jésuites, les sœurs de la Pommeraie et les laïcs.

Michel a rencontré sur sa route des témoins : le Père AUBE à Grenoble durant ses études de philosophie, puis son propre maître de novices le Père CONSTANTIN, grande figure dans la Compagnie qui a su, dans la grisaille des premiers mois de la guerre, faire confiance à ce novice entré à 19 ans. Il l’a éveillé au meilleur d’une liberté qui restera le cantus firmus de toute son existence.

Par la suite, il a été le compagnon de grandes figures, comme Jacques SOMMET, Jacques GUILLET, François VARILLON, Didier RIMAUD et de bien d’autres. Il a eu la grâce d’être à Rome quand Jean XXIII a annoncé le Concile et d’y retourner pour participer à la Congrégation générale de la Compagnie qui a élu le Père ARRUPE.

Les paroles de Michel continueront à résonner pour tous ceux qui ont entendu « Vous avez été appellés à la liberté dans le Christ ou par l’Esprit. » Cette liberté a pu être contagieuse, non seulement pour les novices jésuites, mais encore pour les hommes et femmes, religieuses et prêtres qui ont eu la joie de le rencontrer ou de l’écouter parler de Dieu et de la vie selon l’Esprit.

La dernière partie de son existence reste mystérieusement ombrée par sa chute, en 2013, à la communauté Pierre FAVRE à Grenoble. Il a ensuite connu les longues journées à la Chauderaie, où les oreilles progressivement ne répondaient plus. Mais, malgré son hémiplégie, son visage a laissé transparaître jusqu’au bout sa bienveillance inconditionnelle.

« Préparer notre résurrection, c’est aussi humaniser ce que l’Esprit vient diviniser en nous. »

Léo SCHERER sj