Maurice Mortier Maurice MORTIER – ou « Martin », comme il préférait se faire appeler – est né le 11 septembre 1917 à Bordeaux, d’une famille de quatre enfants. Son dernier frère de 97 ans, Xavier vient de rentrer dans un EHPAD, près de Montpellier. Martin passera toute sa scolarité au collège Saint-Joseph de Tivoli et poursuivra des études de droit de 1935 à 1939.

Après sa licence, il est mobilisé de 1939 à 1941. Il est affecté comme aspirant dans une unité de tirailleurs, stationnée dans les Pyrénées Orientales. Pendant plusieurs mois, il est responsable de la réception chaque matin de six-cents kilogrammes de pain, expédiés par train de Perpignan pour les distribuer aux réfugiés espagnols hébergés dans un camp de la région « Argelès Plage ». Après la démobilisation, homme robuste et droit, Martin entre au noviciat de la Compagnie de Jésus à Mons (Gers) le 15 novembre 1941 : il suit alors un parcours de formation classique. Il est ordonné prêtre le 24 juillet 1949 à Enghien par Mgr HIMMER, évêque de Tournai.

À partir de 1951, Martin est nommé successivement adjoint du père provincial pour la révision des sociétés civiles à Toulouse, ministre à Vals, puis à Sarlat, père spirituel des élèves et aumônier d’étudiants à Toulouse. De 1967 à 1970, il exerce un ministère paroissial à Laval ; suit un long service, de 1970 à 1986, comme ministre du Centre spirituel de la Barde.

Nous vous partageons le témoignage d’une sœur de la communauté de Saint-Joseph, présente à la Barde entre 1975 et 1983 :

« J’ai appris à connaître et à aimer le P. Martin. Homme plein d’humour, il était fraternel, accueillant et original… Sa chambre était tapissée de couvercles de boîtes de Camembert, aucune de semblable. Martin était un homme de foi et, sous son caractère bourru, il y avait un homme de cœur. La dernière fois où nous avons parlé à Pau, il m’a dit : « J’ai 98 ans et je ne prends aucun médicament, pas même une aspirine. » Durant ses vacances, dans les montagnes pyrénéennes à Barèges, il partait régulièrement à l’aventure, en solitaire, avec tout son matériel de pique-nique. »

Après la fermeture de la Barde en 1986, Martin assure le poste d’économe à Penboc’h jusqu’en 1992, année de son arrivée à Pau. Il y est sous-ministre pendant plusieurs années. Robuste, homme de prière, créatif et bricoleur, soucieux d’une certaine fidélité à notre pauvreté. Pendant un quart de siècle, Martin garde un œil vigilant sur la communauté de Montpensier.

Le 3 décembre 2018, premier de cordée, béret vissé sur la tête, Martin ouvre une nouvelle voie. Lors du déménagement de la communauté, il entre à Maria Consolata. Aides-soignantes, Joseph MONNIER et Philippe de BEAUMONT ont su l’accompagner pour cette nouvelle « nomination » alors qu’il a déjà plus de cent ans.

C’est dans l’octave de Pâques que Martin a rejoint son Seigneur Jésus.

Jean-Pierre MILLARD sj