José LOPEZ DE CASTRO est né le 10 décembre 1936. Homme international, il grandit, ballotté au gré de la guerre d’Espagne et de la Seconde Guerre mondiale entre Paris et Bilbao. Il est influencé, dès son plus jeune âge, par l’exemple de sa grand-mère pour s’intéresser aux langues étrangères. Il apprend tour à tour les principales langues du vieux continent et même d’au-delà. Et tout son plaisir sera de les pratiquer dès la première occasion, souvent à la surprise de son interlocuteur.

Après ses études secondaires au Collège jésuite de Bilbao, le jeune José entre au noviciat de la Province basque à Orduña en 1956. Il vit ses études de philosophie à Loyola et à Pullach (au sud de Munich en Allemagne) et une année à l’université Deusto à Bilbao. Pour sa régence, José est envoyé auprès des jeunes dans les Collèges de Pampelune, puis du Caousou à Toulouse. La France va devenir, au fil des années, son pays d’adoption et de prédilection : il commence par y étudier la théologie à Fourvière, où il est ordonné prêtre le 6 juillet 1968.

À la fin de ses études de théologie, José est d’abord envoyé en Thaïlande. C’était son rêve et sa demande : à la rencontre du bouddhisme. Il y apprend le thaï et quelques dialectes locaux ; il enseigne la linguistique à l’université de Bangkok. Hélas, les circonstances politiques changeantes et la volonté de ses supérieurs ne lui permettent pas d’y retourner de manière durable après son Troisième An, étape qu’il vit en 1972-73 à Alcalá. Toutefois, la Thailande l’a profondément marqué. Il y a rencontré des familles pauvres et des jeunes, dont il découvre les difficultés à s’insérer en société. C’est comme une conversion pour le jeune jésuite, à l’époque où la Compagnie internationale met en lumière le lien nécessaire entre foi et justice. Il restera fidèle toute sa vie à son réseau d’amis thaïs et aux déshérités du pays ; il continuera à les soutenir, moralement et financièrement, pendant près de trente ans, les visitant chaque année pendant six semaines – ce seront ses seules vacances !

José se tourne alors résolument vers la linguistique, d’abord en suivant des cours à Londres, puis à Barcelone où il enseigne l’anglais et prononce ses vœux solennels – en catalan – le jour de la fête de l’Immaculée Conception, en 1976. Fort de ses multiples compétences linguistiques, José est envoyé au Bureau d’information de la Curie générale à Rome, avant de revenir définitivement en France, d’abord à Vanves, puis à la communauté de la rue de Grenelle à Paris. Il ne la quittera plus jusqu’à sa mort.

L’essentiel de son temps est consacré à des traductions et des cours de langue. Il met ses compétences linguistiques au service de l’Église, que ce soit au bénéfice d’organisations catholiques ou du secrétariat de l’épiscopat en France. José aime sa communauté de la rue de Grenelle, « la meilleure dans laquelle il lui a été donné de vivre », comme il aime le répéter. Il y est apprécié, malgré ses obsessions et ses angoisses, notamment des jeunes doctorants auxquels il enseigne les langues. Voici le témoignage de l’un d’eux : « López a été mon professeur de grec. Je l’ai entendu dire plusieurs fois : « ma plus grande fierté en tant qu’enseignant est de voir un de mes élèves me surpasser ». Je lui suis très reconnaissant du temps qu’il m’a consacré et des connaissances qu’il m’a transmises : ce que je connais aujourd’hui de la langue grecque, je l’ai appris de lui. Il est mon maître, mon frère, mais aussi un ami. Cette amitié s’est construite notamment grâce au rituel de la copita, une petite soirée amicale plongée dans un nuage de fumée de tabac et arrosée d’un bon Armagnac ou d’une Bénédictine. C’est là que j’ai découvert le joueur d’échecs, le passionné de romans policiers et l’adepte de cinéma. »

Le 20 février dernier, l’état de grande faiblesse de José a nécessité son transfert à l’hôpital. Un cancer à peine diagnostiqué, il est retourné dans la maison du Père le 5 mars 2021.

Josy BIRSENS sj