Jean voit le jour en 1924, second de quatre enfants. De ses sœurs, Irène, encore en vie, rappelle, par son entrain sémillant, la vivacité d’esprit que Jean conserva jusqu’à 96 ans : « Vieillissant, il fructifie encore, il garde sa sève et sa verdeur » (Ps 91).
Son intelligence pénétrante se révèle aux collèges Saint-François-Xavier de Verviers, sa ville natale, puis Saint-Jean Berchmans de Bruxelles. Il entre alors au noviciat jésuite. La suite de sa formation confirme ses aptitudes pour des études bibliques, qu’il poursuit à Rome et achève à Jérusalem en 1960. Il entretient de fortes amitiés, par exemple avec Paul BEAUCHAMP : ils approfondissent radicalement l’hébreu et le grec, pour recevoir la Parole à sa source.
L’exégète affiné exerce son enseignement au théologat d’Eegenhoven, puis, 50 ans durant, à Bruxelles : à l’Institut d’Études Théologiques et à l’Institut de catéchèse Lumen Vitae. Pédagogue aussi modeste que doué, le maître, dans les cours et les séminaires « interactifs », communique aux jeunes jésuites, aux séminaristes, religieux et religieuses, ainsi qu’à ses interlocuteurs laïcs, hommes et femmes, le désir d’approfondir les Écritures pour servir le Christ en Église. Voilà sa fibre missionnaire : faire connaître et goûter la Parole pour que d’autres se l’approprient… et la partagent : « Ce que tu as appris de moi (…), confie-le à des hommes fidèles, qui seront eux-mêmes capables de l’enseigner encore à d’autres » (2 Tm 2,2). Disciple du Verbe, que de disciples, hommes et femmes, Jean ne forme-t-il pas ! Parallèlement, ses traductions et commentaires des évangiles, des Actes ou de Job serrent la lettre du texte pour en dégager la sève spirituelle. Tout comme ses contributions à des dictionnaires bibliques et plusieurs revues : Lumen Vitae (catéchèse), Feu Nouveau (liturgie de la Parole), Nouvelle Revue Théologique (articles, innombrables recensions), etc.
Jean fréquente et commente la Parole pour en vivre. La parole en Personne. La Présence dont jaillissent les mots. Oui, la voix du Verbe incarné. La Parole qui s’incorpore et prend visage. Jusqu’à façonner notre mémoire, notre intelligence et notre vouloir – si vivaces chez Jean –, qui s’en imprègnent pour y répondre dans l’amour qu’elle convoque. Pour que notre cœur s’y attache et désire la mettre en œuvre. Que notre visage, notre regard même en deviennent expressifs, comme ceux de Jean ‘RADER’, lorsqu’il s’anime pour la partager. La Parole de Dieu suscite la sienne propre. Il y répond. Il s’en fait le témoin, le relai pour tant d’autres.
À cet effet, il use des médiations que lui offrent son travail incessant, ses talents variés, ses collaborateurs/trices dévoués. Plus de cinquante pèlerinages en Terre Sainte ou sur les traces de saint Paul ! Jean y fait vibrer, articulés dans le Christ, l’un et l’autre Testament (P. BEAUCHAMP) sur leurs terres natives, dans leur actualité vive. Il épaule aussi maints artistes servant la Parole par la danse, l’expression corporelle – où il excelle – le chant (Akepsimas, groupe GPS…), la peinture, la céramique.
Son ouverture interreligieuse dialogue avec le Judaïsme et l’Islam. Il compte comme amis des rabbins, des arabes de Terre Sainte… Last but not least : le compagnon de Jésus accompagnateur spirituel discret, fidèle, avisé, délicat. Oui, Deo gratias pour l’engagement si fécond de ce grand « Serviteur de la Parole » (Ac 1,2) !
Philippe WARGNIES sj