Jacques PATOUT est né à Lessive, le 28 mai 1925. Son père était commissaire voyer de la Province de Namur et c’est dans le namurois que Jacques passera son enfance avec ses deux sœurs Monique et Colette et son frère Jean. Il faisait volontiers l’éloge de ses parents : « Papa était à la messe tous les matins. Mon saint homme de père accompagna toute sa vie des malades à Lourdes, Banneux et Beauraing ». Pendant la guerre, ses parents se sont décarcassés pour nourrir leurs enfants, au prix de grands sacrifices.

Jacques fait ses humanités au Collège jésuite de Namur et entre au noviciat d’Arlon le 5 août 1944. Après le juvénat, les études de philosophie et un service militaire de dix-huit mois, Jacques passe trois ans au Congo comme éducateur au Collège Albert Ier de Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa). Suivent quatre années de théologie à Eegenhoven (Louvain), l’ordination sacerdotale à Bruxelles le 15 août 1957, et le Troisième An à Wépion.

Après cette longue formation, Jacques arrive à Kikwit en 1959, à la veille de l’indépendance du Congo. Il commence comme jeune vicaire à la paroisse de la cathédrale et y restera jusqu’en 1980, soit pendant vingt-et-une années. Il s’est totalement engagé dans la pastorale familiale, la Légion de Marie, la JOC pour les garçons et les filles, les « Bilenge ya Mwinda » (Jeunes de la Lumière) ainsi que le Renouveau charismatique. Il a aussi enseigné le français dans les grandes classes de l’Athénée.

Il est la coqueluche des jeunes qui le surnomment « Big Bill », du nom d’un guitariste et chanteur noir américain très apprécié au Congo. Jacques était acclamé lorsqu’il passait, tout souriant, sur sa moto dans les ruelles du quartier. Il était très populaire.

En 1981, Jacques quitte la cathédrale pour la communauté Kindudu, accolée au Collège Nzanguka. Il y passera dix années, comme prêtre-animateur de la paroisse Yezu Ngulusi et comme professeur au Collège. Il était de nouveau parmi les jeunes et en paroisse. Il y connut de très belles années, mais à la fin, il avait de la peine à tenir sur ses deux jambes. Il était victime de sclérose en plaque et, en 1991, il décida de rentrer en Belgique pour se faire soigner.

À Namur, il résida à la communauté de la rue Grafé, où il donna un sérieux coup de main à la chapelle publique. Il était très fidèle au confessionnal, tous les jours à 11h. Il accompagnait de nombreuses personnes et les écoutait avec beaucoup d’attention et de compassion. Il était aussi aumônier de la communauté de l’Arche. Il disait à ce propos : « Le contact avec les handicapés qui n’ont pas d’âge me ramène à cet esprit d’enfance qui ouvre les portes du Royaume. Avec eux, moi-même n’ai plus d’âge, ou plutôt je me sens jeune de l’éternelle jeunesse de l’amour. »

Jacques se préparait progressivement au grand passage. Il arriva à La Colombière en 2014. Il s’y adapta facilement et rayonnait de joie et de paix. Depuis 2018, il ne quittait plus ni sa chambre ni son fauteuil, mais portait avec courage l’épreuve des diminutions progressives. Il est décédé paisiblement au matin du 8 octobre 2020.

André de L’ARBRE sj