Comment ne pas commencer par le clin d’œil malicieux et joyeux qui surprenait peut-être parfois le jeune jésuite ne voyant d’abord en Georges que l’homme austère, un peu grognon, au « langage vigoureux » comme le notait Pierre CHATAGNON dans son témoignage le jour de ses funérailles.

En fait, un cœur en or, à l’amitié fidèle, forte, parce que contemplative ; il découvrait Dieu dans les personnes, et les servait et les accompagnait avec une grande fidélité et un vrai souci de vérité… L’essentiel est là, si l’on y ajoute l’amour de la Compagnie, l’amour de l’Église et l’amour de Dieu. Voici comment Georges voyait cela : « L’essentiel réside dans la loi d’amour et de charité inscrite au cœur de chacun. La manière d’exister en corps exige et traduit un attachement personnel à Jésus-Christ qui fait de chacun un compagnon de Jésus. Ce qui permet à la communion de s’exprimer et perdurer, c’est la relation filiale de l’obéissance au Christ et à l’Église qui se traduit par le compte de conscience,… confirmation d’une communion réelle entre supérieur et compagnon. » (postulat proposé à la CG en 2002).

Que dire de 102 ans de vie, dont 81 dans la Compagnie ! Né en 1918, famille chrétienne fervente, scolarité à Saint-Étienne, Saint-Michel et au lycée Fauriel ; noviciat en 1937. Mobilisé, il n’y retourne qu’en 1941 ; il suit le juvénat et une licence de lettres, puis la philosophie à Vals, une régence à Lyon, au Collège Saint-Joseph, enfin la théologie à Fourvière et l’ordination le 30 juillet 1951 par le cardinal GERLIER. Le P. CHARMOT sera son instructeur de Troisième An (1954-55).

Alors commence la période féconde de la vie de Georges : des années à Alger, comme préfet de collège, puis à Dôle, puis de nouveau à Alger. À ces fonctions institutionnelles, il ajoute l’accompagnement des retraites des Exercices spirituels, puis la direction du CCU d’Alger et la charge de la vie quotidienne de la communauté d’Alger.

En 1968, après un bref repos à Lalouvesc, il rejoint Saint-Hugues de Biviers pour un long séjour de douze années, où la multiplicité de ses capacités s’exprimera pleinement : retraites, ministre de la communauté, directeur du Centre … certainement une période privilégiée dans sa vie. Nouvelle petite parenthèse avant de rejoindre la rue Sala, sa grande communauté et sa vocation particulière d’accueil des missionnaires venus en repos ou en consultations médicales ; de 1981 à 1997, alors sous-ministre, puis ministre, Georges aide à la vie quotidienne et accueille des dizaines de passages de missionnaires.

Arrive enfin le séjour le plus long, à la Chauderaie ; soutien, ami, confident des résidents, il rend toutes sortes de services : ministre de la communauté, bibliothécaire, économe, jardinier, tout est bon pour SERVIR.

Et depuis 2018, il a continué à nous accompagner, d’un peu plus loin au fil des mois, priant pour le monde, la Compagnie et sa famille restée toujours présente à son cœur. Merci à lui, et merci à Dieu pour lui.

Michel ROGER sj