Claude Bernard

Claude BERNARD est né en 1919, le 21 avril. Dentelier, son père avait repris une affaire de famille, l’avait agrandie, mais avait été victime de la crise de 1929 ; très éprouvé, il était mort, peu après, laissant à son épouse, Marcelle LECOMTE, la charge de trois garçons. Claude avait une grande admiration et vénération pour sa maman ainsi que pour ses grands-parents qui ont été d’un grand soutien. Un de ses frères était médecin, un autre était parti dans le Sud de la France et Claude l’avait perdu de vue. En fait, c’était sa nièce, Françoise SABATIER, qui gardait vivante sa relation avec la famille.

Claude aura été un jésuite EOF avant l’heure : formation en Belgique, apostolats dans le Grand Est et les Hauts de France… Mais, pour le dire en une phrase : son cœur battait d’abord pour Calais dont il évoquait volontiers le souvenir.

En 1936, une fois terminées ses études secondaires à Calais, Claude entre au noviciat jésuite de Florennes, en Belgique ; dans la foulée, il y fait son juvénat qu’il termine en 1939 ; on est à la veille de la guerre ; Claude est mobilisé. Après la défaite, il échappe aux camps de prisonniers grâce aux chantiers de jeunesse (où il retrouvera Jacques JOUITTEAU). En 1942, il peut intégrer le scolasticat de Vals et étudier la philosophie jusqu’en 1945. Suit le cursus habituel qui le conduit à l’ordination, en 1949, à Enghien et, dans la foulée, le Troisième An, au Pays de Galles, ce qui le prédisposera à enseigner l’anglais au Collège d’Amiens où il est envoyé… À l’entendre, plutôt qu’une passion, c’était plutôt un mariage de raison. Ce mariage se prolongera dans les divers lieux où il sera envoyé, après le Collège d’Amiens, ce sera ceux de Lille et Metz. Quelques fois, il y associera, également, l’enseignement du latin, là encore par obéissance !

En 1961, changement de cap : le voici aumônier militaire, d’abord, en Algérie, puis, à l’école interarmes de Coëtquidan, Vincent de MARCILLAC se souvient de l’y avoir rencontré ! En 1964, on le retrouve à nouveau professeur d’anglais à Amiens, puis, en 1967, à Boulogne, tout en exerçant des ministères divers. Claude se découvre une fibre paroissiale : ce sera le ministère de sa vie, en particulier à la paroisse Saint-Léonard de Boulogne qu’il administrera de 1980 à 1997. Il est d’abord rattaché à la communauté de Boulogne, puis à celle d’Amiens. En 1997, il quitte Saint-Léonard pour rejoindre l’équipe de la cathédrale de Boulogne…

En 2007, vient le moment d’abandonner Boulogne : Claude devient membre résident de Lille-Stations, d’où il continue à rendre des services dans les paroisses du voisinage à Lille. Claude est un bel exemple de ce qu’on appelait autrefois un operarius : il répondait à la demande de ses supérieurs ; tel un bon arbre, il plongeait ses racines dans le terrain où on le plantait, pour y donner son fruit ; tel un bon serviteur, il ne craignait pas le retour du Maître…

Et ce retour du Maître, Bernard l’a attendu avec plus d’impatience, dès qu’il a pu fêter ses cent ans ; une fois ce cap franchi, il est devenu clair qu’il sentait proche le retour de son Maître et qu’il se tenait prêt à l’accueillir… Nous admirions sa patience, sa constance, d’autant plus que Claude pouvait manifester son impatience avec force, en certaines occasions ! Vu la pandémie, il serait tentant de penser que le coronavirus a eu raison de lui, mais, en vérité, on se tromperait : Bernard nous a quittés pour répondre à l’appel de Celui qu’il attendait et devant qui il était prêt à paraître. S’il a joué un rôle, le virus n’aura été que l’exécutant.

Thierry GEISLER sj