François Boedec Province EOF Rien, – ou si peu – dans notre société ne nous y fait penser, et nous pouvons vite nous retrouver à Pâques, constatant qu’une fois de plus nous avons laissé les jours filer sans leur donner ni couleur, ni goût particulier… Quel est l’enjeu de ces jours ? Il est double : regarder ce que nous vivons ; écouter ce que Dieu nous promet.

Qu’ils soient organisés selon un cadre stable et sans surprises, ou happés par le rythme des sollicitations et des urgences, marqués par le trouble et la désolation que suscite en nous ce que vit l’Eglise et notre société, ou bien marqués par la passivité et l‘impuissance, les jours qui passent nourrissent les questions de notre cœur : que vivons-nous, qu’espérons-nous, que bâtissons-nous ? Questions qui resurgissent toujours, même quand nous ne voulons pas les entendre, expression d’un appel et d’un désir de vie qui ne sont rien d’autres que l’appel et le désir de Dieu. Le Carême est l’occasion de contempler nos existences, pour nous réjouir de ce qui est vivant, et regarder lucidement les terres intérieures qui ont soif.

Pour porter ce regard, nous avons besoin d’être aidés. Aidés par les décisions que nous prenons, où notre liberté s’exerce pour mettre en œuvre notre désir. Que décidons-nous pour ces jours qui nous conduisent à Pâques ? Quels moyens simples et concrets mettons-nous en œuvre pour nous rendre attentifs à ce qui fait la mesure de nos jours, et à ce que Dieu nous dit pour notre vie ?

A chacun sa réponse. Pour les uns, il faudra s’accorder un peu de temps, de silence et d’ordre dans le quotidien. Pour les autres, un peu de souplesse et d’imprévu pour que quelque chose puisse arriver. Pour tous, il faudra demeurer avec le Christ pour lui parler des lieux de nos vies en attente de vérité et de renouveau. Nous ferons ainsi l’expérience, de manière unique et personnelle, qu’il n’y pas à chercher loin pour suivre le Christ qui monte à Jérusalem. Qu’il nous renvoie toujours aux autres, et que les signes de sa résurrection dans nos vies surprennent toujours nos attentes et nos plans.

P. François Boëdec sj,
Provincial des jésuites d’Europe Occidentale Francophone