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Au Liban, des fêtes de Noël austères mais solidaires

La fête chrétienne a été célébrée sans faste au Liban, alors que les trois quarts de la population vivent désormais sous le seuil de pauvreté. A défaut d'aides de l'Etat, des initiatives solidaires ont parfois permis d'atténuer les effets de la crise.

La mobilisation des Libanais contraste avec l'inaction de la classe politique corrompue et incompétente.
La mobilisation des Libanais contraste avec l'inaction de la classe politique corrompue et incompétente. (Mohamed Azakir/REUTERS)

Par Justine Babin

Publié le 26 déc. 2021 à 16:14Mis à jour le 26 déc. 2021 à 18:29

Les fêtes de Noël ont été une nouvelle fois marquées par les privations au Liban, alors que le pays multiconfessionnel continue de s'enfoncer dans une grave crise économique et de liquidités. « Beaucoup de Libanais n'ont plus les moyens de s'acheter à manger ou de cuisiner faute de gaz ; sans parler des jouets pour les enfants qui sont devenus un luxe », témoigne Tracy Naggear, une habitante du quartier d'Achrafieh, à Beyrouth.

Avec son mari Paul, cette trentenaire est toutefois parvenue à distribuer quelque 14.000 plats de moghrabié - des perles de semoule de blé dur - et de riz au poulet, ainsi que des bûches de Noël et 2.500 jouets à des familles dans le besoin. Une aide exclusivement destinée aux quartiers touchés par la double explosion meurtrière du 4 août 2020 dans le port de la capitale, dans laquelle le couple a perdu sa fillette de 3 ans, Alexandra. L'initiative a été rendue possible pour la deuxième année consécutive grâce à près de 50.000 dollars de fonds et de dons en nature récoltés auprès de la diaspora libanaise et de Libanais dans le pays.

L'inflation atteint 200 %

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La crise sociale s'est brutalement aggravée ces derniers mois suite à la levée d'un mécanisme de subventions aux importations de produits de base, dernier filet de sécurité des plus démunis face à la crise. L'inflation a atteint un niveau record en novembre, de 201 % sur un an, d'après les derniers chiffres officiels. Les secteurs des transports (580 %), de la santé (374 %) et les produits alimentaires et boissons non alcoolisées (358 %) sont les plus affectés. Les trois quarts des Libanais vivent ainsi désormais sous le seuil de pauvreté, selon des estimations publiées par l'ONU en septembre, contre 28 % en 2018.

« La paroisse aide beaucoup de nouveaux pauvres qui ont besoin de médicaments, de couches ou de lait pour bébé, de paniers alimentaires », affirme le père Gabriel Khairallah, de l'église Saint-Joseph des Pères jésuites à Beyrouth. « Ces personnes vivaient correctement avant la crise mais la valeur de leurs revenus en livre libanaise s'est effondrée », explique le prêtre franco-libanais, qui a de nouveau appelé les fidèles à la solidarité lors de la messe de Noël.

Inaction du gouvernement

La mobilisation des Libanais contraste avec « l'inaction de la classe politique corrompue et incompétente », cingle-t-il. Le nouveau gouvernement du Premier ministre Najib Mikati ne s'est en effet plus réuni depuis mi-octobre, sur fond de désaccord concernant l'enquête sur la catastrophe du port de Beyrouth , le Hezbollah chiite réclamant notamment le limogeage de son juge d'instruction. Alors que la crise sociale s'exacerbe, un mécanisme d'aides financières pour les plus démunis, financé par la Banque mondiale, tarde également à être mis en place. L'organisation s'attend à ce que le produit intérieur brut (PIB) du Liban se contracte de 10,5 % en 2021 après un plongeon de plus de 20 % en 2020, l'année de la catastrophe au port de Beyrouth. « Qu'il s'agisse de la justice, de l'économie ou de la société, l'Etat est absent dans presque tous les domaines », dénonce Tracy Naggear.

Justine Babin

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