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Disparition

En Inde, le prêtre Stan Swamy mort pour avoir tenu tête à l’Etat

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Accusé avec quinze autres intellectuels de «terrorisme maoïste», dans une affaire entachée de graves soupçons de fabrications de preuves, le militant des droits des aborigènes est mort en détention, à 84 ans.
par Laurence Defranoux
publié le 9 juillet 2021 à 8h00

«Ce qui m’arrive n’est pas personnel, c’est un vaste processus. Des intellectuels renommés, des avocats, des écrivains, des poètes, des militants et des leaders étudiants sont en prison simplement parce qu’ils ont exprimé leur dissidence ou soulevé des questions sur le pouvoir en Inde. D’une certaine manière, je suis content de faire partie de ce processus, de ne pas en être un spectateur silencieux. Et je suis prêt à en payer le prix.» Dans une vidéo de sept minutes tournée le 6 octobre 2020, le prêtre Stan Swamy, cheveux blancs et chemisette, voix calme et assurée, explique qu’il a déjà subi quinze heures d’interrogatoire de l’Agence nationale d’investigation (NIA), principale agence gouvernementale indienne antiterroriste. Il refuse de se rendre dans l’Etat du Maharashtra, à 1 700 kilomètres de chez lui, pour un nouvel interrogatoire : «Je souffre de plusieurs maladies, la pandémie ravage le pays et il est demandé aux personnes âgées de ne pas se déplacer. Mais je veux bien être interrogé en vidéoconférence.» Deux jours après, le jésuite, alors âgé de 83 ans, est arrêté et envoyé en détention provisoire à l’autre bout du pays dans la prison surpeuplée de Taloja, accusé de «terrorisme maoïste» dans le cadre de la «loi de prévention des activités illégales». Il est mort lundi dans un hôpital de Bombay des suites du Covid, maintenu en détention malgré les incohérences de l’accusation. «Nous sommes profondément attristés et perturbés par la mort

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