Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

A Calais, une grève de la faim en soutien aux migrants

Les grévistes dénoncent les conditions de survie déplorables sur place et le dialogue de sourds entre Etat et acteurs associatifs.

Par  (envoyé spéciale à Calais, Pas-de-Calais)

Publié le 12 octobre 2021 à 11h13, modifié le 04 novembre 2021 à 14h36

Temps de Lecture 6 min.

Article réservé aux abonnés

C’est en plein centre-ville, place Crèvecœur, dans l’église Saint-Pierre de Calais (Pas-de-Calais), que les trois grévistes ont installé leurs lits de camp. Depuis lundi 11 octobre, Philippe Demeestère, aumônier du Secours catholique de Calais, Anaïs Vogel et Ludovic Holbein, un couple de trentenaires mobilisés depuis plusieurs mois auprès des personnes migrantes, ont entamé une grève de la faim. C’est la première fois qu’ils engagent une telle démarche. Et c’est la première fois depuis 2016 qu’une telle action est déclenchée à Calais. A l’époque, plusieurs Iraniens s’étaient cousus la bouche et avaient cessé de s’alimenter pour dénoncer les conditions de vie dans la « jungle ».

Anaïs Vogel et Ludovic Holbein s'engagent dans une grève de la faim pour alerter sur les conditions de vie à Calais des personnes migrantes, et en réaction au décès de Yasser Abdallah, survenu le 28 septembre alors qu'il tentait de passer en Angleterre, à Calais (Pas-de-Calais), le 11 octobre 2021.

Cinq ans presque jour pour jour après le démantèlement du bidonville, à bien des égards Calais semble se réduire à l’éternelle répétition du même. Le même goulet d’étranglement sur la route migratoire vers l’Angleterre, distante de 30 kilomètres à peine ; les mêmes conditions de vie déplorables, où le froid le dispute à la faim dans les campements ; la même hantise de la part des pouvoirs publics de créer des points de fixation ; le même dialogue de sourds entre eux et les acteurs associatifs.

« Il n’y a plus aucune écoute de la part des autorités », fait valoir Ludovic Holbein. « L’Etat se radicalise donc on choisit une action radicale », ajoute Anaïs Vogel.

Philippe Demeestère, l'aumônier du Secours catholique pour le Pas-de-Calais, entame une grève de la faim pour dénoncer les conditions de vie à Calais des personnes migrantes, et en réaction au décès de Yasser Abdallah survenu le 28 septembre alors qu’il tentait de passer en Angleterre, à Calais (Pas-de-Calais), le 11 octobre 2021.

« On ne sait plus comment faire pour être entendu, prolonge Juliette Delaplace, chargée de mission au Secours catholique à Calais. Les conditions de survie sont abominables mais les mots n’ont plus aucun poids. Le gouvernement est aveugle et sourd à ce que dit le Défenseur des droits ou la commission consultative des droits de l’homme… et même les décisions administratives sont en faveur des politiques de l’Etat. »

Distributions alimentaires interdites

Actuellement, les associations estiment que 1 500 personnes « vivent » à Calais et ses alentours. Les autorités parlent, elles, de 550 migrants environ. Majoritairement Soudanais et Erythréens, ils sont dispersés entre plusieurs campements et le centre-ville.

Les grévistes ont formulé trois demandes : que cessent, le temps de la trêve hivernale, les démantèlements quotidiens de campements ; que cesse sur la même période la confiscation des effets personnels et des tentes lors de ces opérations d’expulsion et, enfin, qu’un dialogue soit rétabli avec l’Etat pour déterminer des espaces d’intervention humanitaire. Depuis plus d’un an, des arrêtés préfectoraux interdisent les distributions alimentaires dans la ville tandis que grilles, barbelés et autres rochers défigurent l’espace dans un nombre toujours croissant d’endroits.

Il vous reste 64.32% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.