Il fut l’une des références de l’Église de France pour les questions de bioéthique à l’aube du XXIe siècle. Le père Olivier de Dinechin, jésuite, est mort samedi 12 juin à 85 ans des suites d’une longue maladie.

« Au départ, en janvier 1986, mes fonctions étaient floues », expliquait le théologien à La Croixdans un long entretien daté de 1996, après avoir été pendant dix ans délégué de l’épiscopat français pour les questions morales concernant la vie humaine. Signe de l’intérêt déjà porté par la Conférence des évêques de France (CEF) à ces questions, le père Olivier de Dinechin était directement rattaché à son conseil permanent.

« Se faire conversation »

Il témoignait alors de « tensions fortes » entre les courants progressistes et conservateurs au sein de l’Église, et confiait souffrir de voir celle-ci « se sentir assiégée et brandir l’étendard de la vérité ». « Je préfère l’invitation que faisait Paul VI à l’Église à « se faire conversation » », déclarait-il auprès de La Croix.

La « conversation » a toutefois pu se durcir, autour notamment de son « objection fondamentale » à la recherche sur la base de cellules souches embryonnaires. Concernant l’assistance médicale à la procréation, encadrée notamment par les lois de 1988 et 1994, le père de Dinechin regrettait l’anonymat du don de gamètes, de nature à « occulter gravement la relation de filiation biologique ».

Préoccupation pastorale

Né en 1936, entré dans la Compagnie de Jésus en 1960 et ordonné prêtre en 1968, ce polytechnicien a siégé au Comité consultatif national d’éthique (CCNE) de 1990 à 1998 et de 2002 à 2007. En parallèle, il enseignait au Centre Sèvres, participait à divers groupes de réflexion en éthique biomédicale et publiait de nombreux articles sur le sujet.

« C’était quelqu’un de très soucieux de l’accompagnement des personnes : cette préoccupation pastorale colorait vraiment son action », se souvient le père Bruno Saintôt, directeur du centre d’éthique biomédicale du Centre Sèvres. Les deux jésuites ont notamment accompagné des sessions au centre spirituel Manrèse pour des couples infertiles, dont certains envisageaient une PMA. Le père de Dinechin intervenait également dans des groupes de soignants, ou de femmes ayant subi un avortement.

Il a également été membre du Conseil national du sida de 1989 à 1993 et directeur des études au Centre théologique, culturel et spirituel de La Baume (Aix en Provence) de 1996 à 2002.