En Inde, les religieux aussi paient un lourd tribut. Selon Yann Vagneux, prêtre des Missions étrangères de Paris à Bénarès (nord de l’Inde), environ 127 prêtres et autant de religieuses y sont décédés du Covid-19 depuis mi-avril, et beaucoup sont malades. L’Union des médias catholiques asiatiques (UCA News) évoque quatre décès de prêtres par jour. La communauté ignatienne est la plus touchée.

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Dès mi-avril, alors que la nouvelle vague prenait de l’ampleur, la presse locale s’est émue de la mort de cinq prêtres jésuites dans l’État de Gujarat, à l’ouest du pays. Puis ce fut au tour du média catholique indien India Matters d’évoquer la mort de quatorze prêtres entre le 19 et le 23 avril. Le 6 mai, la presse locale annonçait la mort de neuf prêtres de l’Église catholique syro-malabare, confession catholique indienne.

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Peu à peu, la pandémie a également touché la hiérarchie de l’Église. Le 6 mai, le premier évêque en exercice à avoir contracté le Covid, Mgr Basil Bhuriya, évêque de Jhabua dans le nord ouest de l’Inde, est décédé à l’âge de 65 ans. Deux jours auparavant, l’évêque émérite de Pondichery, Antony Anandarayar, avait aussi été emporté par le coronavirus.

Une forte mortalité chez les jeunes

Basé entre Bénarès (nord de l’Inde) et Katmandou (Népal), Yann Vagneux vient d’apprendre la mort de son ami le vicaire général de Bhubaneshwar lorsqu’il se confie à La Croix. Le père Vagneux est aumônier auprès de communautés religieuses comme les sœurs de Mère Teresa, les sœurs de Charles de Foucault et les sœurs de la Croix de Chavanod. « Régulièrement, elles m’annoncent des décès de sœurs de leur congrégation un peu partout en Inde. »

Le prêtre de 45 ans alerte notamment sur la forte mortalité des jeunes : « On voit des gens dans leur vingtaine ou leur trentaine qui vont bien, et meurent quelques heures plus tard ». Ce dernier énumère les âges de ses confrères prêtres décédés brutalement, sans comorbidité : 32, 35, 45, 50 ans… Le 7 mai, le Catholic News Service relayait le cri d’alerte de l’archevêque de Bhopal (centre de l’Inde) Mgr Leo Cornelius : « Nous avons perdu un jeune évêque, ordonné il y a seulement cinq ans. J’ai aussi perdu un de mes jeunes prêtres, deux religieuses et trois douzaines de paroissiens, témoignait l’archevêque du diocèse de 15 000 catholiques au média américain. La plupart d’entre eux sont morts dans l’attente d’être admis à l’hôpital, et à cause de l’approvisionnement en oxygène irrégulier dans les hôpitaux. »

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Au Népal et dans la plupart des diocèses d’Inde, les messes sont suspendues, et tous les rassemblements interdits. « Il ne faut pas croire que l’Église est plus touchée que le reste de la population, insiste le père Yann Vagneux. Mais le variant indien est particulièrement contagieux et meurtrier. Les catholiques meurent au milieu d’un peuple qui meurt. »