Canonisation de Charles de Foucauld

Canonisation de Charles de Foucauld. La saga d'un saint : une enfance vêtue de noir

[Le mystère Foucauld 1/4] Le 15 mai 2022, le pape François procédera à la canonisation de neuf bienheureux. Parmi eux, trois Français, dont Charles de Foucauld. Qui était cet aventurier christique ? L’écrivain Charles Wright nous le dévoile en quatre épisodes inédits.
Par Charles Wright, écrivain
Publié le 11/05/2022 à 13h42, mis à jour le 16/05/2022 à 09h07 • Lecture 6 min.
Chez les jésuites de la rue des Postes, où Charles prépare l’examen d’entrée à Saint-Cyr (au centre, à terre).

Chez les jésuites de la rue des Postes, où Charles prépare l’examen d’entrée à Saint-Cyr (au centre, à terre). • FAMILLE DE BRIC/EDITIONS DU CHALET

Nous sommes le 21 décembre 1916. La bataille de Verdun vient de saigner la France. Le feu, qui embrase l’Europe depuis trois hivers, s’est étendu aux empires. La révolte gronde dans le Sahara central, attisée par des groupes sous influence senoussiste venant des confins algérois-tripolitains. Il y a 20 jours, à Tamanrasset, les rebelles ont assailli le bordj que Charles de ­Foucauld avait édifié pour protéger la population. Le pillage a dégénéré : Foucauld est mort.

Le capitaine de La Roche, chef des méharistes du Hoggar, vient d’arriver sur place. Il plante une croix de bois sur la tombe du père, lui rend les honneurs militaires, puis pénètre à l’intérieur du fortin dévasté. Tout est sens dessus dessous. Parmi les feuilles éparpillées qui ont survécu à la mise à sac figure le manuscrit des Poésies touarègues. En les rassemblant, l’officier a dû être saisi par le raffinement de ces vers élégiaques, à la forte charge érotique : « Ton odeur que je sens entre mes seins / jette le feu au-dedans de mes os. » Peut-être s’est-il même demandé : qui donc était cet homme de Dieu, ce drôle de père du désert occupé à recueillir des poèmes d’amour au milieu du Sahara ?

Belle image pieuse

Il y a un mystère Foucauld. Ce saint que l’on croit connaître est une énigme. Sur cet illustre inconnu, chaque époque a projeté ses obsessions, ses fantasmes. Il fut à la fois le « saint de la colonisation » et une sorte de Che Guevara sensible au sort du « prolétariat colonial », le porte-étendard des mouvances vichystes ou d’Action française et le héraut de « l’enfouissement », l’agent à la solde de la puissance militaire et le « frère universel » – autrement dit, tout et son contraire…

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