Accusé sans preuves de « conspiration maoïste » et d’avoir participé à l’organisation des affrontements du 1er janvier 2018 entre basses castes et hautes castes dans la ville de Koregaon, dans l’ouest de l’Inde, le père jésuite Stan Swamy est mort d’une infection pulmonaire en détention préventive, lundi 5 juillet.
Agé de 84 ans, ce prêtre qui se consacrait depuis 1991 à la défense des droits des populations tribales du Jharkhand, une région forestière de l’est du pays, avait contracté le Covid-19 en prison. Incarcéré depuis le 9 octobre 2020 dans l’établissement pénitentiaire de Taloja, dans la banlieue de Bombay, il a dû attendre dix jours pour obtenir l’autorisation d’être évacué vers un hôpital.
Finalement admis, le 29 mai, à la clinique de la Sainte Famille de Bombay, il a vu sa santé se détériorer rapidement. D’après les médecins, le vieil homme originaire du Tamil Nadu a été placé sous respiration artificielle dimanche matin, à la suite d’un arrêt cardiaque. Il s’est éteint lundi en tout début d’après-midi.
Au même moment, ses avocats étaient en train de plaider sa remise en liberté sous caution devant la Haute Cour de Bombay, laquelle escomptait attendre le 13 juillet pour l’auditionner. Les magistrats en charge de son dossier prenaient tout leur temps et exigeaient l’obtention « sous enveloppe cachetée » d’un rapport médical sur son état de santé.
« Meurtre en détention »
A l’annonce du décès de Stan Swamy, le leader de l’opposition au gouvernement Modi, Rahul Gandhi, a publié ses condoléances sur Twitter, estimant que le jésuite « méritait justice et humanité », plutôt qu’une fin aussi humiliante. « Les responsabilités de ce meurtre en détention doivent être établies », a déclaré sur le réseau social le secrétaire général du Parti communiste d’Inde (marxiste), Sitaram Yechury, qui s’est dit « indigné par la mort de ce militant qui aidait inlassablement les marginaux ».
Hemant Soren, chef de l’exécutif régional du Jharkhand, considère pour sa part que le gouvernement Modi « devrait être tenu responsable de l’apathie absolue » dont le jésuite a été victime de la part des autorités pénitentiaires. Dès le mois de décembre 2020, Stan Swamy avait dénoncé ses conditions d’incarcération. « Ironie du sort, il est mort sans avoir été jugé, après avoir passé sa vie à lutter contre les détentions préventives qui frappent les petites gens impliquées dans des affaires montées de toutes pièces », souligne Peter Martin, un avocat ayant travaillé à ses côtés pour la même cause.
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