L’Institut des Sources Chrétiennes édite à Lyon les principaux textes fondateurs du christianisme, ceux des Pères de l’Église dans leur langue originale, assortie d’une traduction française. À l’occasion de ses 80 ans, un colloque international a été organisé à Athènes sur le thème des « Sources et méandres des lettres grecques : textes, manuscrits et éditions de l’époque patristique et byzantine ». Le P. Dominique Gonnet sj, Enseignant-chercheur, revient sur cet évènement qui a aussi vu la signature d’une convention de partenariat scientifique avec le CNRS.

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Intervenants grecs et français de ce colloque, dont au centre, Anna Lampadaridi, membre de l’équipe de Sources Chrétiennes.

Ce colloque fêtait également l’arrivée dans l’équipe de l’Institut d’Anna Lampadaridi, grecque, titulaire d’une thèse en Sorbonne en hagiographie. Anna Lampadaridi, originaire d’Athènes, a donc pu aider à préparer ce colloque international.

Le P. François Boëdec sj, Provincial de l’EOF, a souligné dans son mot d’accueil l’amour pour les Pères grecs des jésuites Henri de Lubac, Jean Daniélou et Claude Mondésert, fondateurs des Sources Chrétiennes : « C’est évidemment une grande joie pour moi, en tant que représentant la Compagnie de Jésus, d’être avec vous aujourd’hui en ce lieu important de la recherche et de la culture grecque. […] En effet – vous le savez bien -, les fondateurs de cette collection, les Pères Henri de Lubac, Jean Daniélou et Claude Mondésert avaient une si haute estime de l’héritage de la patristique orientale, et grecque particulièrement, qu’ils en espéraient un renouvellement de la Théologie catholique trop longtemps et souvent bridée par un néothomisme qui pouvait être desséchant. […]« , a-t-il déclaré.

Célébrer les deux poumons de l’Église : le latin et le grec, l’occidental et l’oriental

Il a ajouté : « Ce n’est pas la première fois que les Sources chrétiennes sont honorées en Grèce. Nous nous souvenons du colloque qui eut lieu en février 2017, à l’occasion de ses 75 ans, dans le cadre de la Bibliothèque Nationale de Grèce, qui venait de s’installer dans ses nouveaux locaux de la Fondation Stavros Niarcos. Mais quelle belle manière d’honorer, aujourd’hui encore, dans le cadre de la Fondation nationale de la Recherche scientifique, la conviction de ces hommes qui, pour prendre l’image chère au pape Jean-Paul II, croyaient que l’Eglise du Christ ne pouvait respirer pleinement qu’avec ses deux poumons : le latin et le grec, l’occidental et l’oriental. »

Le Provincial a aussi rappelé que la date de ce colloque, le 14 septembre, fête de la Sainte-Croix, commune aux Orthodoxes et aux Catholiques, n’était pas sans lien avec la collection des Sources Chrétiennes, née en pleine guerre, en 1943. Puis il s’est réjouit que « depuis 2016, la bibliothèque de l’Institut des Sciences humaines des jésuites d’Athènes mette à la disposition de tous lecteurs la totalité de la collection des Sources chrétiennes, dans un cadre récemment rénové. Et l’Association des Amis des Sources Chrétiennes sait bien l’engagement fidèle et résolu de la Compagnie pour soutenir son travail, précieux tant pour la science que pour les indispensables renouvellements théologiques toujours à faire. »

Le Provincial de l’EOF a remercié chaleureusement « les organisateurs de cet évènement, de cette marque de reconnaissance pour ces visionnaires dont l’initiative s’est révélée si féconde pour la théologie catholique et pour les échanges entre nos deux Eglises. »

Dans ce colloque, un signe de la vitalité et de la convergence des traditions grecques, latines et syriaques

Par ailleurs, soulignant la collaboration avec l’Association des Sources Chrétiennes, le Directeur de notre Laboratoire HiSoMA, Stéphane Gioanni, a retracé l’histoire de la collection, impressionné par le combat qu’elle menait pour exister. Parmi les chercheurs grecs, Stéphanos Efthymiadis a évoqué la richesse du vocabulaire spirituel employé dans les lettres de Barsanuphe et Jean de Gaza, éditées à Sources Chrétiennes, et Charis Messis les nombreuses vies de saintes femmes qui ont marqué la tradition byzantine. Manolis Papoutsakis a montré comment les hymnes de Romanos le Mélode ont été influencées par Éphrem et Jacques de Saroug. Si de nombreuses œuvres grecques ont été traduites en syriaque, il y a eu aussi ce développement des hymnes, une richesse pour l’Orient et l’Occident. En outre, Anna Lampadaridi a parlé de traductions en grec d’une vie de moine latine écrite par saint Jérôme. Cette réciprocité est le signe de la vitalité et de la convergence des traditions grecques, latines, syriaques… Bien d’autres interventions dont celles des membres des Sources Chrétiennes les ont montrées dans cette belle journée.

P. Dominique Gonnet sj,
Enseignant-chercheur à l’Institut des Sources Chrétiennes

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