Le jésuite Paolo Dall’Oglio est, selon ­Emmanuel ­Pisani, directeur de l’Institut dominicain d’études orientales du Caire (Idéo), celui qui est « allé le plus loin dans un véritable pluralisme intelligent et dialogal dans l’esprit de Charles de ­Foucauld, allant jusqu’à accepter celui qui ne partage pas son avis ». Le fondateur du monastère syrien de Mar Moussa, dans lequel il priait en arabe, a poussé «comme aucun autre ne l’a fait la question de l’inculturation », faisant entrer dans la liturgie des sonorités soufies sur des paroles chrétiennes. Dix ans après sa disparition, en juillet 2013, sans doute assassiné par Daech, les fruits sont là. «Des groupes reviennent à Mar Moussa comme avant la guerre, témoigne Emmanuel Pisani de retour d’une semaine sur place. Je n’ai jamais vu ailleurs la présence d’autant de musulmans à l’eucharistie, venant prier et partager avec des chrétiens.»