Dogmatique après le Concile. Fondement de la théologie, doctrine de Dieu et christologie. Œuvres, volume 22/1b

de Karl Rahner

Sous la direction de Vincent Holzer

Cerf, 480 p., 40 €

Le 22e volume – sur les 39 déjà sortis en allemand entre 1995 et 2018 – des œuvres complètes du théologien Karl Rahner fait partie de la troisième des quatre grandes séries chronologiques, celle des textes écrits dans l’immédiat après-Concile, appelée « Déploiement (1964-1976) ». Il se divise lui-même en trois tomes : le premier, paru l’année dernière, traitait plutôt de la Révélation.

Le deuxième qui vient de paraître est divisé en deux parties de taille à peu près égale, la première sur la doctrine d’un Dieu trinitaire et la seconde sur la christologie. Il regroupe 17 articles, dont seulement trois dépassent la vingtaine de pages.

Rapatrier la théologie de la Trinité au cœur de la théologie

Dans la première partie, un chapitre intitulé « Dieu Trinité, fondement transcendant de l’histoire du salut » se détache du lot, par ses dimensions (113 pages) et son intérêt. Rahner commence par déplorer le rôle peu important qu’a joué jusqu’alors la théologie trinitaire : « On ne peut s’empêcher de penser que, s’il n’y avait pas de Trinité, rien, absolument rien, ne serait changé, sinon à la lettre du catéchisme, du moins à la façon dont le chrétien, dans sa tête et dans son cœur, se représente l’Incarnation », écrit-il.

D’où son effort pour rapatrier la théologie de la Trinité non seulement au sein mais au cœur même de toute la théologie : « La christologie et la doctrine de la grâce, si l’on s’en tient à leur contenu essentiel, sont bel et bien de la doctrine trinitaire, puisque, en nous parlant du Christ et de l’Esprit, ces deux traités ne sont strictement pas autre chose que les deux chapitres de la doctrine trinitaire sur les deux processions et missions divines “ad intra” et “ad extra”. »

La seconde partie, christologique donc, comprend douze textes. Dans un texte un peu plus développé (47 pages), sobrement intitulé « Je crois en Jésus-Christ », le théologien jésuite souligne de manière claire et ferme que quand on parle de foi au Christ, le point de départ est toujours une « confiance radicale de quelqu’un en quelqu’un d’autre », pas le savoir. Une foi-confiance qui est indissociablement liée à un amour agissant : « On doit penser que la foi plénière au Christ ne peut être rien d’autre que ce qui lui est fait : cet acte est l’agir de l’amour envers le prochain et inversement. »

« Nous sommes tous des débutants dans le christianisme »

À la fin de ce très beau chapitre, marqué d’une spiritualité indéniable, Rahner écrit : « Nous sommes tous des débutants dans le christianisme. Mais le christianisme signifie accueillir Jésus-Christ comme celui qui est le commencement et la fin de toute réalité, de notre vie aussi. » Et, il poursuit : « Non que par là tout deviendrait clair. Au contraire (…) l’accueillir veut dire accepter dans la vie concrète que l’incompréhensibilité dans laquelle il se laisse tomber est la lumière éternelle et l’amour éternellement valable »…

Les autres chapitres abordent des questions particulières, qui peuvent être parfois sensibles, comme la naissance virginale du Christ, « la compréhension du mystère humano-divin de Jésus » ou sa résurrection. Comme dans la première partie, on retrouve l’intérêt marqué de l’enseignant de Munich et Innsbruck pour les non-chrétiens, en particulier dans ces deux textes : « Le caractère unique de Jésus-Christ et l’universalité du salut » et « Jésus-Christ dans les religions non chrétiennes ».