Violences sexuelles

Patrick Goujon : « Les abus ne sont pas un problème qu’on règle, c’est une question qu’on porte »

[Interview] Prêtre jésuite et théologien, Patrick Goujon est l’auteur de Prière de ne pas abuser. Un an après la publication du rapport Sauvé, il témoigne du changement qu’il a observé dans l’église.
Publié le 28/09/2022 à 07h15, mis à jour le 28/09/2022 à 07h15 • Lecture 7 min.
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Patrick Goujon, prêtre jésuite, victime de violences sexuelles dans son enfance.

Patrick Goujon, prêtre jésuite, victime de violences sexuelles dans son enfance. • BÉNÉDICTE ROSCOT

Dans son livre Prière de ne pas abuser, Patrick Goujon témoigne des agressions sexuelles dont il a été victime enfant, commises par un prêtre.

Comment le rapport Sauvé a-t-il été accueilli ?

Sur une année, nous avons observé plusieurs phases : le moment de la sidération a duré un certain temps, pour les catholiques mais pas seulement eux. J’ai été frappé de l’accueil du rapport Sauvé par l’ensemble de la société. Dans une France divisée, où les questions de laïcité reviennent régulièrement, cela aurait pu être l’occasion de créer une vague d’opposition à l’Église.

Je reste frappé par le sérieux et l’immense dignité avec lesquels le rapport Sauvé a été traité dans la presse généraliste par exemple. Cela découlait bien sûr du travail de qualité de la Ciase et de l’ampleur du problème dans l’ensemble de la société, du mouvement de fond né de la libération de la parole des femmes sur les agressions sexuelles. De ce point de vue-là, l’Église est bien de son temps.

Comment avez-vous vécu l’« après-Ciase » ?

Après la reconnaissance par les évêques à Lourdes de leurs responsabilités, nous sommes entrés dans un temps très gris, difficile à vivre pour les victimes, et les chrétiens en général. Après la série d’annonces, nous nous sommes demandé ce qu’il se passait vraiment. On a vite retrouvé l’Église avec ses chapelles.

J’ai été marqué par l’hétérogénéité dans la façon dont les paroisses et les diocèses se sont saisis du rapport et ses conclusions. Certaines communautés paroissiales ont organisé des soirées, une réflexion autour des propositions

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