Yurii et Serhii accueillis à la communauté jésuite de Lille-Montebello

La communauté jésuite de Lille accueille depuis avril 2022 deux réfugiés ukrainiens à Lille (Montebello). Le P. Thang Nguôn sj témoigne de cette expérience fraternelle mais exigeante, notamment en raison de la barrière de la langue.

réfugiés ukrainiens lille Depuis le 13 avril, le mercredi de la semaine sainte, notre communauté de Lille-Montebello s’est agrandie de deux personnes, deux réfugiés ukrainiens. Notre communauté jésuite avait proposé à la mairie de Lille deux chambres pour l’accueil de réfugiés. Après quelque temps d’attente, deux ukrainiens d’une soixantaine d’années, originaires de Kharkhiv, sont arrivés.

Amis d’enfance, ils sont divorcés tous les deux et ont des enfants à l’étranger, en Allemagne et en Turquie, sauf pour le fils de l’un d’eux qui combat à Kharkhiv.

Communiquer malgré la barrière de la langue

Nous utilisons les applications de traductions de nos téléphones portables pour communiquer. C’est ainsi que nous découvrons l’imperfection de ce type d’application qui portent souvent à rire ! Au début, j’utilisais la traduction en ukrainien. Quelques semaines plus tard, j’ai opté pour la traduction russe car je me suis aperçu qu’ils étaient parfaitement russophones.

réfugiés ukrainiens lille (2) Après avoir repéré le supermarché ainsi que le magasin des produits slaves dont le propriétaire est arménien et les ustensiles de cuisine mis à leur disposition, ils se sont vite débrouillés pour faire leur repas dans une salle du rez-de-chaussée destinée à l’accueil de réunions. Parfaitement autonomes, ils se sentent pourtant gênés d’être dans cette situation de dépendance, pour leur logement mais aussi toutes leurs demandes ponctuelles. Comme dit une réfugiée qui venait de trouver un hébergement indépendant : « Les Ukrainiens détestent déranger. Ils se sentent redevables et cela les préoccupe beaucoup. » [1] Au début de leur séjour, nous avons pensé à les inviter à table avec la communauté. Mais, la quasi-impossibilité de communiquer avec eux dans leur langue a freiné notre souhait.

« L’accueil de Yurii et de Serhii est exigeant »

Malgré ces limites de la langue, ils tentent d’être le plus agréables possible, et se gardent d’être intrusifs dans notre vie quotidienne. En lien avec leur famille à l’intérieur et en dehors de l’Ukraine, ils ne reçoivent pas de visites de leurs compatriotes à la communauté.

Grâce à eux, nous avons rencontré la personne qui les avait accueillis avant qu’ils ne viennent chez nous. À leur arrivée, nous avons fait la connaissance d’une jeune femme d’origine russe ; son père est russe blanc [2] d’origine, et sa mère russe de l’époque soviétique. Elle nous a grandement aidés pour quelques traductions. Elle a pris aussi sur son temps pour leur faire visiter Paris ; une visite qu’ils ont beaucoup appréciée.

L’accueil de Yurii et de Serhii (Serguei en russe) est exigeant. Avec les meilleures volontés de communication et de politesse, la barrière de la langue est bien réelle. Pour autant, ces difficultés ont permis à ces deux hommes qui ont perdu leurs biens de pouvoir vivre un moment paisible. Même si c’est court.

P. Thang Nguôn sj,
Communauté Saint-Pierre Favre à Lille

Notes :

[1] « Accueil des réfugiés ukrainiens: de la joie mais aussi des difficultés » : article des Envahis.com

[2] Des russes opposants aux bolcheviks

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