RivEspérance, le rassemblement « citoyen et chrétien », a réuni plus de 1 000 personnes à Namur, du 2 au 4 novembre. Consacrée aux familles, cette édition a accueilli, en grand nombre, enfants, jeunes et jeunes adultes. Un constat réjouissant à l’heure où le récent Synode appelait à entendre le « cri des jeunes ». Charles Delhez sj, membre de l’équipe porteuse, propose en synthèse cette réflexion sur la, ou plutôt les familles.    

L’histoire a montré qu’il y a toutes sortes de familles, qu’il n’y a pas de modèle unique. Lors de RivEspérance 2018, dont le thème était « Quelles familles pour demain ? », il ne fut pas question de dresser un catalogue, d’émettre des jugements, ou de poser les questions éthiques – légitimes cependant. Il s’agissait de plonger avec le cœur, et aussi avec la raison, dans cette réalité si importante pour chacun, ce lieu d’un accueil sans jugement, mais à l’histoire parfois blessante. Que d’épreuves peuvent en effet marquer ses membres, que de blessures d’enfance qui auront peine à cicatriser.

La famille parfaite n’existe pas. Il est urgent d’oublier ce fantasme. Une famille normale est une famille qui a des problèmes. Bienheureuses fêlures, bienheureuse fragilité qui permettent d’aimer vraiment l’autre tel qu’il est et d’être aimé tels que nous sommes. Fécondes épreuves qui sont occasion de croissance. Chemin d’humilité, la famille est donc un chemin d’humanité. Mais où peut-on encore dire sa fragilité dans le monde de la performance et de la réussite à tout prix ? Que donc les familles de demain n’aient pas peur d’être imparfaites, car ce sera pour elles une occasion de grandir grâce à un surcroît d’amour.

Qui dit famille dit aussi couple. Celui-ci est aujourd’hui survalorisé, le conjoint tenant parfois la place d’un dieu qui pourrait nous sauver. La sexualité, elle, est trop souvent défigurée par une pornographie envahissante dès la tendre enfance — un vrai « viol de l’imaginaire ». Ses images violentes peuvent entraîner des conséquences jusqu’entre frères et sœurs… Hélas, la pornographie n’a aujourd’hui plus rien de transgressif aux yeux de beaucoup tant elle est banalisée. Mais, heureusement, il semble qu’en thérapie, l’heure soit à remettre des balises.

Espace d’amour, laboratoire de nos premières expériences de relation, la famille peut aussi être une prison, le lieu d’un amour maladroit. Quoi qu’il en soit, le but est de la quitter ! L’enfant doit un jour s’envoler. La famille doit s’ouvrir sur plus large. Jésus n’est-il parfois dur avec elle ? Sa vraie famille se situe ailleurs, au-delà du sang. C’est une famille d’esprit. Ma famille, dit-il, est celle de l’adhésion aux mêmes valeurs, de la foi en l’avènement du même Royaume. Le christianisme met en avant l’amour en général et non l’amour en particulier. Son message est de se déporter de soi, d’aller vers les autres… Telle est l’exigence inscrite au cœur de la famille et au-delà d’elle, quel que soit son modèle.

Outre les grandes conférences, tables rondes, ateliers, concert et eucharistie, cette édition offrait un programme de grande qualité pour les enfants et les jeunes venus en nombre : le ciné-débat avec Anne-Dauphine Julliand a réuni 140 jeunes de 12 à 18 ans ; le forum RIVx a accueilli 150 jeunes adultes (20-40 ans) autour du témoignage percutant de 4 intervenants, tandis que 40 enfants goûtaient au plaisir du théâtre de marionnettes, des contes, de la danse et de la musique. Un tel événement ne serait possible sans les nombreux bénévoles : 80 bénévoles en tous genres, mais aussi 35 scouts et étudiants, 50 personnes aux stands des associations partenaires, le tout soutenu par les 15 membres de l’équipe porteuse.

Charles Delhez sj

> En savoir + : www.rivesperance.be