Quentin Lamy sera ordonné prêtre dans la Compagnie de Jésus le 23 novembre 2019. Il témoigne de son parcours de vie qui l’a mené à vouloir « aider les âmes pour une plus grande gloire de Dieu ».

« Troisième d’une fratrie de huit, je grandis en région parisienne. Durant l’adolescence, ma foi est ébranlée par maints questionnements. Je m’éloigne de la pratique religieuse, mais continue toutefois à chercher un sens à la vie, et il m’apparaît de plus en plus clairement que sans Dieu, sans un Père Créateur qui nous appelle à vivre éternellement avec lui, notre brève existence ici-bas perd son sens. Encouragé par des amis, animé du désir d’un vrai bonheur et pariant sur Dieu un peu à la manière dont y invite Pascal, je reviens à la foi entre les classes préparatoires et l’entrée en école de commerce. Je me mets alors à prier tous les jours, selon la manière de saint Ignace. Et au fil des méditations sur l’Évangile, l’appel du Christ à une vie plus radicalement donnée à lui se fait entendre.

Alliance entre expérience spirituelle et service de l’Église

L’équipe de l’école JRS à Beyrouth (Liban)

Après un échange universitaire en Allemagne, des stages en comptabilité et en finance de marché et une bonne dose de discernement, je franchis la porte du séminaire de Paris, pour une année de propédeutique et deux ans en paroisse et aux études. Durant cette période, je découvre les jésuites à travers des retraites selon les Exercices, l’accompagnement spirituel et la lecture de théologiens de la Compagnie. Attiré par la vie religieuse, la spiritualité de Saint Ignace et la perspective de servir l’Église universelle, j’entre au noviciat de la Compagnie. J’y découvre l’ordre et ses missions.

Une lecture qui me marque particulièrement est un petit livre de Hugo Rahner intitulé La genèse des Exercices. Selon Rahner, le charisme d’Ignace et de la Compagnie tient à l’alliance de deux éléments qui ne se rencontrent pas toujours conjointement : l’expérience spirituelle et le service de l’Église. Ignace est celui qui rencontre Dieu au bord du Cardoner, qui se laisse guider par le Seigneur au gré des consolations et des désolations, mais également celui qui renonce à son style d’ermite hirsute pour étudier et rassembler des compagnons, afin de se mettre à disposition du Pape dans l’Église militante. Il est l’auteur des Exercices, et en même temps, celui des Constitutions. « D’Iñigo pèlerin et pénitent, écrit Rahner, la grâce mystique de Manrèse a fait Ignace homme d’Église. » Cette conception, selon laquelle le jésuite vise à la fois à être intime avec le Seigneur et à être « homme d’Église » au bon sens de l’expression, n’a cessé de m’inspirer depuis.

Expérience fondatrice au Liban avec JRS

Camp de réfugié à Bar Élias (Liban)

Après le noviciat, je fais trois ans d’études à Paris, avec un apostolat au lycée Franklin, ainsi qu’auprès de SDF. Puis à ma surprise, et pour mon bonheur, je suis envoyé en régence au Liban, avec JRS (Jesuit Refugee Service). Je travaille dans une école qui accueille des enfants syriens déplacés, et je découvre le Moyen Orient, son histoire chrétienne, ainsi que le monde musulman. Mon second cycle d’études se partage ensuite entre la faculté de philosophie jésuite de Munich, le Centre Sèvres, et la charge de l’aumônerie d’HEC. Si la formation, sous son aspect le plus évident, est intellectuelle et pastorale, elle est aussi, peut-être de manière plus profonde, humaine et spirituelle. Qu’il me soit permis de dire toute ma gratitude pour l’amitié, les conseils, parfois les lumières reçus au fil de la vie communautaire et fraternelle, ainsi que dans l’accompagnement spirituel.

Cette année, je commence un doctorat en théologie dogmatique à l’Université Grégorienne, à Rome, dans le but d’enseigner un jour aux nôtres. C’est une grande chance de bénéficier de ce dernier temps de formation, ainsi que de vivre dans la ville où se perçoit le mieux l’universalité de l’Église et de la Compagnie. Mais si je rends grâce aujourd’hui, c’est bien sûr, avant tout, parce que je m’apprête à être ordonné prêtre le 23 novembre. Ignace donne pour fin à la Compagnie d’« aider les âmes » : puissions Gonzague et moi, par la célébration des sacrements, et aidés de la grâce du sacrement de l’ordre, aider les âmes avec fruit, pour une plus grande gloire de Dieu ! »

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