Albert VANHOYE est né le 24 juillet 1923 à Hazebrouck (diocèse de Lille). En 1941, à 18 ans, il traverse toute la France à pied pour entrer au noviciat de la Compagnie de Jésus à Le Vignau (Landes). Une entreprise courageuse, alors que la moitié de la France est occupée par les Allemands ; pour atteindre la zone libre, il lui faut franchir clandestinement la ligne de démarcation afin de ne pas être pris et envoyé en Allemagne pour s’ajouter au nombre de jeunes hommes qui travaillent pour l’industrie allemande.

Après une licence de Lettres classiques, des études de philosophie et de théologie à Enghien (Belgique), il est ordonné prêtre le 25 juillet 1954. Il fait son Troisième An à Saint-Martin d’Ablois (1955-56) et prononce ses derniers vœux à Rome le 2 février 1959.

En 1956, il est envoyé à l’Institut Biblique Pontifical à Rome, pour des études puis un doctorat sur la structure littéraire de l’épître aux Hébreux. Il enseigne de manière brève à Chantilly, avant de repartir à Rome dès 1962, comme professeur à l’Institut Biblique Pontifical. Il y sera doyen de Faculté de 1969 à 1975 et recteur de l’Institut Biblique de 1984 à 1990.

Il a dirigé pour l’institut 28 thèses de doctorat sur l’épitre aux Hébreux, sur différents thèmes de la théologie paulinienne, sur l’exégèse des Évangiles (Marc et Luc), sur des questions de structure littéraire (Livre de l’Apocalypse).

De longues années secrétaire de la commission biblique pontificale, il a été l’un des grands inspirateurs de deux documents qui prolongent le travail du Concile : L’interprétation de la Bible dans l’Église (1993) et Le Peuple juif et ses saintes Écritures dans la Bible chrétienne (2001).

Il a également été consulteur de diverses Congrégations pontificales (Congrégation de l’Éducation catholique ; Congrégation pour la Doctrine de la Foi). Le cardinal RATZINGER, alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, avait une confiance totale en lui : il faisait appel à Albert VANHOYE à chaque fois qu’un texte pontifical mentionnant l’Écriture ou un livre commentant l’Écriture posait problème. Le cardinal RATZINGER appréciait ce travailleur infatigable, humble et ne désirant que le bien de l’Église. Albert était aussi directeur de la revue Analecta Biblica.

Le 24 mars 2006, alors âgé de 83 ans, il est créé cardinal par le pape Benoît XVI pour les « services qu’il a rendus à l’Église avec une fidélité exemplaire et un zèle admirable ».

Il a accompli toutes ces fonctions avec serviabilité, discrétion et efficacité. Cela manifestait d’une part un tempérament relativement timide, mais aussi la richesse de l’homme intérieur. Comme enseignant, ses étudiants ont apprécié sa disponibilité affable à tous, sa rigueur et son souci de la précision dans l’interprétation et la compréhension du texte biblique.

Spirituellement, il a passé toute sa vie à scruter la figure du Christ, à contempler la docilité filiale de Jésus envers Dieu et sa solidarité avec les hommes, à se laisser conduire au cœur miséricordieux du Christ.

Depuis 2013, il résidait dans la communauté Saint-Pierre Canisius : cette communauté jésuite qui accueille notamment les compagnons âgés et malades, est adossée à la Curie générale des jésuites, à côté du Vatican.

Jean-Noël ALETTI sj