Saint Robert Southwell SJ

Saint Robert Southwell SJ

On fait mémoire le même jour de dix martyrs de la Compagnie de Jésus qui moururent pour la foi catholique aux XVIe et XVIIe siècles en Angleterre et au Pays de Galles, et qui furent canonisés par Paul VI en 1970.

Ce sont : Robert Southwell (mort le 21 février 1595), Edmond Campion (mort le 1er décembre 1581), Alexandre Briant (mort le 1er décembre 1581),  Henri Walpole (mort le 7 avril 1595), le frère coadjuteur Nicolas Owen (mort le 2 mars 1606), Thomas Garnet (mort le 23 juin 1608), Edmond Arrowsmith (mort le 28 août 1628), David Lewis (mort le 27 août 1679). On célèbre aussi ce même jour les seize bienheureux martyrs de la Compagnie de Jésus qui, victimes de la même persécution, souffrirent le martyre entre 1573 et 1679.

Lettre de saint Edmond Campion, prêtre et martyr

Je prie Dieu que nous puissions être enfin amis pour toujours dans le ciel

Membres du Conseil de Sa Majesté, vous qui témoignez tant de sagesse et de discrétion en des questions moult importantes, lorsque vous aurez entendu traiter de manière franche et fidèle ces problèmes religieux dans lesquels nos adversaires jettent si souvent tant de désordre et de confusion, vous verrez, j’en suis sûr, sur quelles bases solides se fonde notre foi catholique, et combien faible est ce parti qui l’emporte en ce moment sur nous. Alors, pour le bien de vos âmes et de tant de milliers d’autres dont le sort dépend de votre gouvernement, vous prendrez parti contre l’erreur démasquée, et écouterez ceux qui verseraient le meilleur de leur sang pour votre salut.

Bien des mains innocentes s’élèvent vers le ciel pour vous chaque jour : les mains de ces étudiants anglais, dont la race ne périra jamais, qui, au-delà des mers, acquièrent les vertus et connaissances de leur profession, résolus à ne jamais vous abandonner mais à vous valoir le ciel ou à mourir sur vos piques. Et pour ce qui regarde notre Compagnie, sachez que nous avons formé une sainte ligue, nous les jésuites du monde entier, qui par notre nombre finirons bien un jour par triompher des menées en Angleterre. Nous avons décidé de porter avec joie la croix que vous placerez sur nos épaules, de ne jamais désespérer de votre conversion tant qu’il nous restera un homme pour votre Tyburn, pour les tortures de vos chevalets ou la mort lente de vos prisons. Nous avons calculé le coût et commencé l’entreprise : elle est de Dieu et ne se peut abandonner. Ainsi fut plantée la foi, ainsi se doit-elle restaurer.

Si mes offres se heurtent à un refus et si mes tentatives n’aboutissent point, si, après avoir parcouru des milliers de milles pour votre bien, je ne reçois pour tout paiement qu’un traitement rigoureux, je n’ai rien à dire de plus, sinon à recommander votre sort et le mien au Dieu Tout Puissant. Puisse-t-il, lui qui sonde les cœurs, nous envoyer sa grâce et régler votre différend avant le jour du jugement, pour que nous puissions être enfin amis pour toujours dans le ciel, où tous les torts seront oubliés.

(Lettre du 19 juillet 1580 aux Très Honorables Lords du Conseil Privé de Sa Majesté,
texte anglais dans : J.H. Pollen, s.j ., Campion’s Ten Reasons , Londres, Roehampton , 1914, pp. 10-11 ; trad. fr. par A. Prêle dans : E. Waugh, Edmond Campion, martyr . Paris 1951, p. 181).