Les saints Paul Miki, Soan Joao Goto et Jaques Kisai étaient les premiers d’une longue série de jésuites qui ont donné leur vie dans une imitation littérale de leur Seigneur crucifié. Paul Miki était aussi le premier religieux japonais à être martyrisé. 

La croissance de la chrétienté dès le début, après l’arrivée au Japon de St François Xavier en 1549 entraîna l’opposition des autorités japonaises, qui craignaient que l’introduction du christianisme n’était que la première étape de la conquête de leur pays par l’Espagne, tout comme les espagnols avaient déjà conquis les Philippines. En 1587 le dirigeant du Japon, Toyotomi Hideyoshi expulsa tous les missionnaires étrangers, mais le décret ne fut pas appliqué avec rigueur et les jésuites furent capables de continuer à travailler sous la menace de persécution. Des remarques faites par le capitaine d’un navire espagnol naufragé amenèrent Hideyoshi à ordonner l’arrestation de tous les franciscains arrivés au Japon venant des Philippines trois ans auparavant. En même temps que les franciscains la police arrêta aussi les jésuites Paul Miki, un scolastique, Jacques Kisai, un frère, et Joao Goto, un catéchiste en train d’entrer dans la Compagnie.

Paul Miki venait d’une famille aisée près d’Osaka et devint chrétien quand toute la famille se convertit. A l’âge de 20 ans il entra au séminaire d’Azuchi dirigé par des jésuites, et entra chez eux deux ans plus tard. Il était un orateur éloquent et remporta beaucoup de succès en attirant des bouddhistes vers la foi chrétienne. Il n’était qu’à quelques mois de son ordination quand on l’arrêta.

Le frère Jacques Kisai était par hasard dans cette même communauté quand la police entra. Bien qu’il ait été éduqué par un moine bouddhiste, il se fit baptiser et épousa une femme qui s’était convertie à la foi chrétienne. Après, elle retourna au bouddhisme, abandonnant son mari avec un enfant, que celui-ci confia à une famille chrétienne avant de déménager à Osaka, où il se mit au service des jésuites comme porteur et domestique. Ensuite, les jésuites, frappés par la vigueur de sa foi, le nommèrent catéchiste. Il entra chez les jésuites comme frère, probablement en 1596.

Joao de Goto, par ailleurs, était né de parents chrétiens sur l’une des iles de l’archipel de Goto, mais quand les autorités de l’ile commencèrent à persécuter les chrétiens, il déménagea à Nagasaki pour être libre de pratiquer sa religion. Il vivait dans la communauté jésuite à Osaka et travaillait avec eux comme catéchiste, et s’efforçait de devenir jésuite, quand ils furent arrêtés.

Tous les trois furent arrêtés le 9 décembre et emmenés à Miyako (aujourd’hui Kyoto), où ils furent emprisonnés avec 6 prêtres franciscains et 15 tertiaires. Les 24 prisonniers furent amenés sur la place publique et condamnés à être crucifiés : en signe de dérision le lobe de l’oreille gauche de chacun d’eux fut coupé sur place. Le lendemain ils durent partir pour une marche de un mois jusqu’à Nagasaki, le lieu de leur exécution. Le long du chemin les gens les insultaient et se moquaient d’eux, le père Miki et un prêtre franciscain leur annonçaient, malgré tout, la Bonne Nouvelle. Juste avant d’arriver à Nagasaki deux prêtres jésuites encourageaient les prisonniers et leur administraient les sacrements. L’un d’eux, le père Pasio, emmena les trois jeunes jésuites à la chapelle, où le père Miki renouvela ses vœux et Joao de Goto et Jacques Kisai prononcèrent leurs premiers vœux.

Ce même matin ils furent emmenés à une colline où ils virent des croix étendues par terre, les attendant. Ils chantèrent un Te Deum, le chant d’actions de grâces habituel, lorsqu’ils virent quelle mort les attendait. Ensuite ils laissèrent les bourreaux les lier aux croix, et attacher une bande métallique autour de leur cou, pour maintenir leur tête levée. Ensuite ils dressèrent les croix et les laissèrent tomber dans les trous. Le père du frère de Goto était dans la foule et entendit le père Miki prêcher à la foule et les inviter à se convertir. Enfin les soldats transpercèrent les poitrines des prisonniers avec une lance. Cette colline devint connue comme «La Colline des Martyrs».

Les martyrs du Japon

« Vous serez mes témoins » : histoire du martyre de saint Paul Miki et de ses compagnons écrite par l’un de ses contemporains.

Après qu’ils eurent été fixés à la croix, ils montrèrent tous une constance admirable ; ils y étaient encouragés aussi bien par le Père Pasio que par le Père Rodriguez. Le Père Commissaire de la Mission demeura toujours immobile, les yeux levés vers le ciel. Le Frère Martin rendait grâce à la divine bonté en chantant des psaumes et en y ajoutant le verset In Manus tuas, Domine . Le Frère François Blanco rendait lui aussi grâce à Dieu d’une voix forte. Le Frère Gonzalvez récitait d’une voix très forte le Notre Père et le Je vous salue Marie .

Notre frère Paul Miki, voyant qu’il se trouvait sur une chaire plus honorable qu’il n’en avait jamais eue, déclara d’abord qu’il était japonais, qu’il appartenait à la Compagnie de Jésus, qu’il mourait pour avoir annoncé l’Evangile, et qu’il rendait grâce à Dieu pour un si grand bienfait. Il ajouta : « Parvenu à l’instant où je suis, je pense que personne parmi vous ne croira que je veuille déguiser la vérité. Aussi je vous déclare que la seule voie conduisant au salut est celle que suivent les chrétiens. Et puisque la foi chrétienne m’apprend à pardonner à mes ennemis et à tous ceux qui m’ont fait du mal, je pardonne volontiers au souverain et à tous les responsables de ma mort, et les prie de bien vouloir se faire baptiser. »

Puis, tournant les yeux vers ses compagnons, il se mit à les encourager dans ce dernier combat. La joie se lisait sur le visage de tous, particulièrement sur celui de Louis : comme un chrétien lui criait qu’il serait bientôt au paradis, il eut un geste des doigts et de tout le corps qui exprimait sa joie profonde et qui attira les regards de tous ceux qui le regardaient.

Antoine, qui était le dernier de la rangée, à gauche de Louis, les yeux levés vers le ciel, invoqua les saints noms de Jésus et de Marie, puis entonna le psaume Laudate, pueri, Dominum , qu’il avait appris à Nagasaki pendant son catéchuménat ; en effet, les enfants apprenaient par cœur certains psaumes lors des leçons de catéchisme.

D’autres, enfin, le visage paisible, répétaient : « Jésus, Marie » ; quelques-uns exhortaient ceux qui se trouvaient là à mener une vie digne d’un chrétien ; ils montraient par là et par d’autres gestes, combien ils étaient prêts à mourir.

Alors quatre bourreaux dégainèrent les lances dont se servent les Japonais. A cet horrible spectacle, tous les fidèles s’écrièrent « Jésus, Marie » et firent entendre jusqu’au ciel leurs pleurs de compassion.

En très peu de temps, les bourreaux, d’un ou deux coups, achevèrent chacun des martyrs.

> En savoir + sur Paul Miki via KTO et via Croire (La Croix)

(Chap. 14, 109-110 : Acta Sanctorum, febr. 1, 1970).

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