Il y a presque cent ans que Joseph est né en Vendée, au sein d’une famille nombreuse. Après ses études secondaires, il entre en 1936 au grand séminaire de Luçon et fait son service militaire juste avant la guerre de 40.

Il rejoint la Compagnie à Laval, le 24 septembre 1942, et suit alors le cursus classique de notre formation qui le mènera à Tours pour sa régence et à Lyon pour la théologie. Il y est ordonné le 31 juillet 1950 par Mgr Bornet, évêque auxiliaire de Lyon. Il fera son Troisième An avec le P. Charmot à Paray. Il ira alors à Angers où il prépare une thèse de théologie et passe des certificats de lettres classiques.

Commence alors pour lui une longue vie d’éducateur. Il a été professeur de lettres, de dessin, de travaux manuels au collège Notre-Dame de Ste-Croix du Mans, ainsi qu’au collège diocésain St-Louis. Il s’échappait du Mans pour enseigner le grec aux juvénistes de Laval.

En 1979, il rejoint à Lyon la rue Sala où il va mettre ses talents au service de la revue Missi jusqu’en 1991. Ensuite, toujours à la rue Sala, il sera adjoint du bibliothécaire, ayant par ailleurs des ministères divers. Avant de rejoindre La Chauderaie en 2003, il passera quelques années à Nantes.

Le père Joseph ne nous a jamais inondés de longs discours. Il nous intriguait plutôt par son silence. Mais il parlait … avec ses mains, en dessinant, par ses travaux manuels comme ces dessous-de-plat en osier tressé qui sont toujours sur nos tables. Ses mains étaient guidées par son cœur et par cette délicatesse qui partage ombres et lumières.

Ses dernières années furent une dure épreuve. Il a perdu progressivement la vue, l’ouïe, puis une jambe. Ses mains sont devenues inertes … Nous le voyions dans son fauteuil roulant qu’il conduisait de son lit à la salle à manger, de la salle à manger à la chapelle, de la chapelle sous le tilleul où il passait de longues heures avec un canotier sur la tête, parfois en fumant une pipe. Il était tourné vers les Monts du Lyonnais qu’il ne pouvait plus voir. A qui d’entre nous n’a-t-il pas confié, tous ces derniers temps, qu’il en avait marre … ?

Joseph est parti au soir de ce premier dimanche de l’Avent 2016, parti sans agonie, se laissant conduire, surpris probablement de découvrir un enfant qui l’accueillait, après bien d’autres, à qui il avait appris à dessiner.

François REY sj (Francheville-La Chauderaie)