Henri de la Kéthulle de Ryhove aimait dire avec humour : « Je ne suis pas missionnaire puisque je suis né au Congo ! »

Et pourtant il a été un missionnaire hors du commun, attentif aux situations difficiles, prêt à y répondre avec efficacité.  Le Père Henri de la Kethulle est né le 7 décembre 1935 à Léopoldville où il a grandi avec sa famille, Un an à Djuma (Congo) où la Compagnie de Jésus vient d’ouvrir en 1954 le premier noviciat d’Afrique. Il suit le cycle de formation en Belgique, en ajoutant psychologie et pédagogie à l’université de Louvain. Pour sa régence, il retrouve le Congo ; de 61 à 64, il est attaché à son collège Albert. Puis 6 ans en Angleterre : théologie à « Heythrop College »  et anthropologie à « Mottingham Road ».

Il arrive en 1970 à Kikwit, son lieu d’apostolat durant 40 ans, avec son Troisième An à Kimwenza, et aussi des actions ponctuelles à Bujumbura, à Kinshasa, à Bukavu.

En 1975, le Président Mobutu étatise les écoles, interdisant cours de religion et activités religieuses. Aussi à côté du collège Nzanguka où les jésuites enseignent, Henri développe un centre de jeunesse « Kinduku-Amitié » pour une animation sociale et chrétienne qui attire la jeunesse de tout Kikwit.

Quand en 1984, il est recteur de l’institut technique jésuite, il imagine un élevage de gros bétail à Mamboma à 80 km de Kikwit pour financer l’établissement.

En 2002,  Henri est supérieur de la Résidence jésuite « Nzo Ngemba » à Kikwit. Dans les   quartiers, il perçoit ces enfants marqués par la maladie de la drépanocytose. Il commence un combat contre cette maladie génétique répandue en Afrique qu’il mènera jusqu’à sa mort !  Il fait fonctionner un Centre médical spécialisé pour ces malades.

En 2010, ses supérieurs l’envoient à Kinshasa. Il rassemble les initiatives dispersées dans  une plate-forme de la « Société civile congolaise de lutte contre la drépanocytose ». Avec l’aide de l’UNICEF, il obtient des responsables de l’Enseignement national d’introduire dans les programmes du primaire et du secondaire une information sur la maladie ; il compose des manuels explicatifs, revus par ses collaborateurs médecins. Grâce au réseau scolaire, la maladie et sa prévention seront connues dans tout le pays.

En 2015, à l’occasion de son 80ième anniversaire, l’Ambassadeur de Belgique l’invite dans sa résidence à Kinshasa, signe de reconnaissance pour tant d’actions humanitaires. Mais simultanément, il manifeste des signes inquiétants d’expression et de maîtrise tactile.

Transféré à Bruxelles, il est hospitalisé à la section neurologique de la Clinique Saint Luc ; son état montre peu d’amélioration. Accueilli à la Maison de repos des Jésuites, il a conscience de son état qui se dégrade, et il en souffre beaucoup. Il s’éteint doucement le 28 novembre 2016 après une vie toute donnée.

Gérard TRIAILLE sj (Kinshasa)