« Le grand retour de la confession » : En cet après-midi de confessions, à l’église Saint-Maurice, en plein centre de Lille, il y a déjà une dizaine de personnes à patienter avant de rencontrer le père Pierre Molinié.

Des jeunes, des plus âgés, des femmes, des hommes, des habitués, d’autres pas, et autant de bonnes raisons de franchir la porte de l’église. « Il y a effectivement des personnes qui viennent régulièrement, une fois par mois, confirme le père Pierre Molinié, mais d’autres qui ne se sont pas confessés depuis dix, quinze ans, n’hésitent pas à franchir le pas ». Pour les premiers, il s’agit de « personnes engagées » dans l’Église, à la foi souvent solide, et pour qui « le sacrement de réconciliation est un élément important de leur vie spirituelle ». Les autres viennent pour « une demande plus spécifique », évoquer des « blessures personnelles » : un conflit avec un proche avec qui on a du mal à renouer, un divorce, des enfants difficiles, des problèmes au travail ou financiers où la notion de péché peut être plus diffuse.

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Une confession moins vue comme une obligation dans une vie de catholique, mais plus comme une rencontre plus personnelle, à un moment important de sa vie, pour faire le point. « Mon but est de les écouter, poursuit le prêtre, d’accompagner un cheminement quand ils me confient l’envie de pardonner, quand c’est nécessaire, de permettre aussi aux gens de retrouver la paix, être là où il y a quelque chose à guérir ». Comme lorsque le regard sur un ex-conjoint change, passant de la haine à des sentiments plus raisonnables…« Les gens apprécient d’être écoutés, de remettre de l’ordre dans leur vie sous le regard de Dieu ».Avec une confession qui ne ressemble vraiment plus à celle de leurs parents ou grands-parents.

Ce que confirme le père Jean- Luc Garin, supérieur du séminaire de Lille où sont formés les futurs prêtres : « C’est vrai qu’aujourd’hui, les gens viennent moins pour dire une liste de péchés que pour un vrai temps de dialogue et de prière. Les gens ont besoin de parler, d’exposer leur vie. » Au passage, sur son bureau, il montre une boîte de mouchoirs… D’où l’importance de former les futurs prêtres à ces rendez-vous importants : « Il faut les préparer à être à l’écoute des gens et à exercer un ministère de consolation, de compassion pour les gens qui souffrent. » Une approche qui va au-delà du seul moment de la confession : « C’est toute la vie du prêtre qui doit être témoin du pardon et de la réconciliation, et pas seulement le sacrement. » Le père Pierre Molinié acquiesce : « La confession est très complémentaire de la prédication… En effet, il y a le temps où l’Église parle, délivre des messages; eh bien, il faut aussi que l’Église puisse entendre les joies, les peines, les souffrances. »

Un message porté par le pape François, grand artisan du renouveau de la confession, qui souligne que « nous ne sommes pas condamnés à rester dans les sables mouvants ». Avec une miséricorde qui s’adresse à tous. « C’est sûr qu’il y a des gens qui pourraient aller parler ailleurs, mais l’église est ouverte, l’écoute est plutôt bienveillante, alors… », sourit le père Pierre Molinié, lui aussi heureux de sa mission et « souvent témoin de très belles choses car on aide les gens à remettre aussi de la lumière sur ce qu’il y a de plus beau dans leur vie ». Pour mieux repartir de l’avant, le cœur un peu plus léger, réconcilié avec eux-mêmes et parfois les autres.

> Source : La Voix du Nord