Quand il nous a quittés, le frère Georges Ducros allait avoir 80 ans, dont 57 de vie religieuse. Il était le cinquième d’une famille de neuf, dont Paul, un aîné jésuite. Après des études chez les Frères des Ecoles Chrétiennes et une école technique, il travaille trois ans puis il entre au noviciat de la Baume, à 23 ans. Après le noviciat et six ans à Aix, il part deux ans en formation à Lérida, en Espagne, et pas peu fier d’y pratiquer l’espagnol avec les visiteurs. Ensuite, de 1970 à 2010, il est en communauté à Bastia, Cormontreuil, Lalouvesc, Nice, Aix à nouveau et Biviers, La Chauderaie pendant quatorze ans, et pour finir sept ans à Montpellier.

Ses charges ont toujours concerné les services communautaires, tour à tour ou simultanément, linger, hôtelier, adjoint au ministre et jardinier. Là où était un jardin, c’est lui qui s’en occupait, aimant les fleurs pour égayer la maison. Il se documentait sur l’horticulture dans toutes sortes de revues spécialisées, et l’un de ses frères fut tout heureux d’hériter de son classeur, tenu avec la minutie d’un collectionneur.

Très accueillant et attentif aux hôtes, une mention spéciale mérite d’être faite de son séjour à la Chauderaie. A l’occasion de ses 50 ans de Compagnie, une aide-soignante l’a remercié « d’être le gardien de la maison : avec la tâche de fermer portes et fenêtres, attentif au moindre détail, rien n’échappe à sa vigilance. » Mieux encore, « il est un peu l’âme de la Chauderaie. Il a le sens des responsabilités… un peu trop exacerbé parfois, mais c’est ce qui fait sa personnalité ! » Comme chacun, il avait les défauts de ses qualités !

A Montpellier sur la fin, il sortait encore de la maison, et pas seulement pour les courses qu’il faisait deux fois par jour, mais pour rencontrer les gens dans les magasins et entretenir l’amitié et les bonnes relations. Il aimait aussi faire le catéchisme et il l’a fait jusqu’à ces toutes dernières années. Son souci des pauvres le conduisait chaque semaine à la Halte Solidarité, pour y servir le petit-déjeuner ou répartir les douches entre les SDF. Et pour clore cette litanie : il assurait des permanences à l’accueil de la cathédrale.

Pendant vingt mois, il a lutté, pied à pied, contre un cancer du pancréas avec un courage et une sérénité qui ont fait notre admiration. Nous avons eu le sentiment qu’il ne souffrait pas ou guère. Sauf les derniers jours, où une fracture et une chute ont nécessité opération, puis rééducation. C’était le coup de trop !

En résumé, voilà le parcours d’un infatigable serviteur de Dieu, que nous retrouvions, chaque soir, le chapelet à la main ou lisant son missel, écorné de fatigue, lui aussi.

Charles Le Dû sj (Saint-Herblain)