Avec ce second volume, offert par un chercheur infatigable de la vérité du croire chrétien, s’achève une très longue « traversée » qui a voulu conduire l’« ami lecteur », comme dit le père Joseph Moingt, de la croyance à la foi critique – ce qui veut dire : vers une réconciliation entre la foi « établie » de l’Église et la raison « éclairée » – et de cette foi critique à une foi qui agit. 

Si le premier tome, titré « Croire au Dieu qui vient. De la croyance à la foi critique », portait sur les deux premiers articles du Symbole, cette longue finale traite de l’Esprit, de l’Église et des rapports entre l’Église et le monde (selon la vision de la constitution pastorale Gaudium et spes du concile Vatican II). L’originalité de ce dernier « mouvement symphonique » est de nous faire entrer dans un va-et-vient entre les relectures historique et théologique de la tradition et l’appréciation de la situation actuelle du christianisme en Europe.Ces deux parcours s’entrelacent mutuellement. Le premier déploie les quatre marqueurs essentiels de toute existence chrétienne : baptême, engendrement par l’Évangile, partage d’un même pain, pour former un seul corps. Joseph Moingt propose en même temps un principe d’interprétation qui consiste à appliquer à ces marqueurs la dialectique de l’ancien et du nouveau, fondée sur l’unité des deux Testaments ; ce qui lui permet de relever, quant au repas du Seigneur, deux types qui coexistaient encore au IIIsiècle, l’une appelée désormais « eulogie » et gardant sa forme conviviale dont témoigne la première lettre aux Corinthiens et l’autre devenue sacrificielle selon une inspiration vétérotestamentaire, étant offerte par l’évêque au nom de toute l’Église.

L’intérêt critique de ce repérage (et de bien d’autres) consiste à ouvrir de nouveaux « possibles » au sein de la figure actuelle de l’Église, abordés dans le second parcours sur « l’agir ou l’annonce de l’Évangile ». Cette dernière étant confiée désormais aux laïcs vivant dans le monde, c’est donc à eux que Joseph Moingt s’adresse, parlant un langage simple qui renonce quasiment à toute érudition.

Son diagnostic alarmant quant à la crise de l’Église indique certes une tendance, souvent repérée par les sociologues, mais reste encore marqué par l’image passée d’une Église de masse (qui a effectivement disparu) et ne perçoit peut-être pas suffisamment ce qui est en train de naître : une « Église en diaspora » fondée sur un ensemble de chrétiens, certes bien moins nombreux, mais vivant une vie spirituelle et apostolique réelle et souvent bien formée.

P. Christoph Theobald sj
> Source : Revue Etudes